Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/194

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n’étaient plus que vapeurs de la prunelle en flammes, tandis qu’en grésillant, les racines flambaient… [Dans l’eau froide du bain qui trempe le métal, quand le maître bronzier plonge une grosse hache ou bien une doloire, le fer crie et gémit. C’est ainsi qu’en son œil, notre olivier sifflait…] Il eut un cri de fauve. La roche retentit. Mais nous, épouvantés, nous étions déjà loin.

De ces deux comparaisons, il est impossible d’enlever la première sans mutiler le contexte : la seconde se détache sans peine ni dommage, emportant avec elle une collection de mots inusités dans les Poésies. La succession en est, d’ailleurs, un peu surprenante : la seconde nous décrit l’entrée du pieu brûlant dans l’œil humide, alors que la première nous a décrit déjà l’opération complète, la descente du feu jusqu’au fond des racines grésillantes.

C’est par dizaines que les deux Poésies nous offrent de pareilles comparaisons surajoutées.

La discrète sagesse de l’épos, ses rapides conseils « gnomiques » semblèrent de même insuffisants quand, devenue l’élève des rhéteurs, sophistes et philosophes, la tragédie athénienne à la mode d’Euripide se fut donné le rôle de prêcher, discuter et moraliser à perdre haleine. Pour ne prendre encore qu’un exemple, que dire de ce discours d’Ulysse au chant XVI ?