Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/206

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maque et ses compagnons viennent d’échouer leur navire, de le pousser à terre : ils sont à sec ; ils carguent les voiles et démâtent (495-496), puis… se mettent aux rames pour amener à la cale le navire (497) ; ils jettent enfin l’ancre, attachent l’amarre (498), prennent pied sur la grève et préparent le repas du matin (499-500). Le texte est formel :

Pendant qu’ils échangeaient ces paroles entre eux, prenant sur leur sommeil, puis s’endormaient à peine, l’Aurore était montée sur son trône, et déjà les gens de Télémaque abordaient au rivage, amenaient la voilure et déplantaient le mât1, puis sur la grève, où l’équipage descendit, le repas s’apprêta et l’on fit le mélange du vin aux sombres feux.

1. Vers 497-498 : en vitesse ; on se met aux rames vers la cale ; on jette l’ancre et l’on attache les amarres.

De nos éditeurs les plus récents, les plus soigneux, les plus critiques, aucun n’a mis en doute la complète authenticité de tous ces vers. Et pourtant, comment expliquer qu’un navire, une fois mis à sec, puisse être poussé à la rame vers la cale ?

Nos deux vers 497-498 sont des copies sans changement de l’Iliade (chant I, 435-436). Mais, dans l’Iliade, le navire n’est pas échoué ; il est encore en eau profonde. De même, dans l’Odyssée (chant XVI, vers 351-353), l’équi-