Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/208

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par l’absence ou la présence de ces insertions dans tout ou partie de nos manuscrits antiques. En nombre de cas aussi, ces insertions figuraient déjà dans les éditions antérieures aux Alexandrins, qui les déclaraient scandaleuses[1].

3o La plupart de ces insertions semblent être venues s’ajouter au texte de la même façon : la terminaison semblable de deux vers authentiques amena derrière l’un d’eux la suite de l’autre, en des endroits où cette suite n’était ni nécessaire, ni utile, ni même logiquement ou grammaticalement acceptable.

L’insertion semble donc être, avant tout, un méfait de la mémoire. À ce titre, il pourrait sembler qu’elle fut avant tout une œuvre de rhapsode.

Entraîné par la pente de la récitation, le débit du rhapsode était une sorte de torrent fougueux, gonflé des vingt-cinq ou trente mille vers, qu’il fallait savoir pour exercer la profession. Ces vers formaient entre eux des chaînes liquides dont le premier élément entraînait toujours derrière lui la même séquence. Mais ces méfaits de la réminiscence nous

  1. Devant certains vers, en effet, les Alexandrins laissaient échapper une brève condamnation, que l’on traduirait académiquement par « naïvetés de fond et de forme ! », mais populairement par « bavardage et sottise ! ».