Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/234

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au monde ! Mais venez ! vous verrez où nos gens font l’amour : c’est dans mon propre lit ! J’enrage de les voir. Oh ! je crois qu’ils n’ont plus grande envie d’y rester : quelqu’amour qui les tienne, ils vont bientôt ne plus vouloir dormir à deux. Mais la trappe tiendra le couple dans les chaînes, tant que notre beau-père ne m’aura pas rendu jusqu’au moindre cadeau que je lui consignai pour sa chienne de fille !… La fille était jolie, mais trop dévergondée !

Ainsi parlait l’époux et, vers le seuil de bronze, accouraient tous les dieux, et d’abord Posidon, le maître de la terre, puis l’obligeant Hermès, puis Apollon, le roi à la longue portée ; les déesses, avec la pudeur de leur sexe, demeuraient au logis…

Sur le seuil, ils étaient debout, ces Immortels qui nous donnent les biens, et, du groupe de ces Bienheureux, il montait un rire inextinguible : ah ! la belle œuvre d’art de l’habile Héphæstos !

Se regardant l’un l’autre, ils se disaient entre eux :

Le Chœur. — Le bonheur ne suit pas la mauvaise conduite… Boiteux contre coureur ! Voilà que ce bancal d’Héphæstos prend Arès ! Le plus vite des dieux, des maîtres de l’Olympe, est dupe du boiteux… Il va falloir payer le prix de l’adultère.

Tels étaient les discours qu’ils échangeaient entre eux. Alors le fils de Zeus, le seigneur Apollon, prit Hermès à partie.

Apollon. — Hermès, le fils de Zeus, le porteur de messages, je crois que, volontiers, tu te laisserais prendre sous de pesants réseaux, pour dormir en ce lit de l’Aphrodite d’or !