Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/273

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La surabondance de merveilleux n’est pas moins puérile : en 372 vers, la bonne déesse Athéna intervient sept ou huit fois pour ramener l’aurore, pour couvrir d’ombre Ulysse et ses gens, pour rajeunir Laerte, pour parler à Zeus, pour apparaître sous les traits de Mentor, pour encourager Laerte, pour arrêter le combat, pour menacer Ulysse.

Les Anciens excusaient néanmoins toutes ces « faiblesses », en considération de l’utilité, de la nécessité, — disaient-ils, — de ce dernier chant, sans lequel la rentrée d’Ulysse en Ithaque n’aurait pas été complète ; nous ne saurions pas comment le héros avait retrouvé son père, comment il avait été reconnu par lui, après l’avoir été par Télémaque, la nourrice, les serviteurs et Pénélope, et comment il avait obtenu, après le massacre des prétendants, le pardon de son peuple.

C’est une conclusion postiche, en effet, qui fut ajoutée le jour où les trois pièces séparées du Voyage, des Récits et de la Vengeance, furent mises bout à bout en une histoire unitaire : elles avaient besoin, après tant de péripéties, d’un dénoûment complet et définitif. Le public nouveau n’avait peut-être plus la même connaissance intime de la geste d’Ulysse que les premiers auditoires achéens et ioniens : il pouvait rester inquiet sur le salut et la tran-