Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

depuis le tyran Pisistrate (seconde moitié du vie siècle avant notre ère), la loi d’Athènes ordonnait qu’en cette grande fête, les deux Poésies fussent récitées, de bout en bout, par des rhapsodes qui se relayaient. Mais aucun auteur ancien n’a pris la peine de nous dire où et comment cette récitation continue de vingt-sept ou vingt-huit mille vers était organisée, avait lieu, était répartie sur les longues heures d’une ou de plusieurs journées.

Vaniteux à souhait, — « Viens m’entendre, Socrate ! tu verras si j’ai bien su arranger Homère », — Ion confesse volontiers ses mérites éminents ; personne au monde ne sait comme lui comprendre et représenter l’épos : « Aux passages lamentables, les larmes emplissent mes yeux ; aux passages de crainte ou d’effroi, la terreur me fait dresser les cheveux sur la tête et palpiter le cœur. »

« Arranger Homère », dit Ion : nous aurons à reprendre le mot et à montrer quelques effets de ces arrangements sur le texte traditionnel des Poésies.

Mais, avant Athènes, durant les siècles de la Grèce encore peu lettrée, où les manuscrits étaient rares, où, seuls, quelques États, quelques riches amateurs et les gens du métier possédaient par écrit les Poésies au complet, quelles libertés plus grandes encore dix géné-