Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/111

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être sûr de ma traduction et je ne pense pas que l’on puisse donner un autre sens au texte : in Prooemio, omnino nihil se ex graecis litteris operae pretium didicisse confirmat. On aura beau chercher toutes les nuances[1] ; on en reviendra toujours à cette affirmation de Wolf : « D’Aubignac affirme dans sa Préface que l’étude des lettres grecques ne lui a absolument rien appris qui en valût la peine. »

Quelle phrase étrange dans la Préface des Conjectures, de ce livre consacré à une question de littérature grecque ! et sous la plume d’un homme qui a passé de longues années à étudier Aristote, à le commenter, à en tirer des règles ou des exemples pour le théâtre de son temps ! C’est à sa Pratique du Théâtre que, depuis sept ans (1657-1664), d’Aubignac devait influence et renommée ; cette Pratique donnait aux Français de Louis XIV les règles d’Aristote comme les guides infaillibles vers le beau, et les tragédies du théâtre grec comme les éternels modèles de toute poésie dramatique... Serait-ce que, de la Pratique aux Conjectures, d’Aubignac fût réellement devenu fou !

Il semble que Wolf ait prévu et voulu prévenir l’étonnement, sinon du grand public, du moins des connais-

  1. Cf. dans W. Peters, page 12, note 6, l’amour de Wolf pour la Nüancirung.