Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/154

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Wolf se laissait guider d’abord par la prudence ; mais il estimait aussi qu’en ses Prolégomènes, il était arrivé sur un point à une démonstration mathématique : c’était sur le fait de l’écriture aux temps d’Homère, an der Schreibkunst, die, denk’ich, mathematisch-streng erwiesen ist, écrivait-il à Böttiger dans la même lettre. En vérité, cet argument de l’écriture était, comme le disait plus haut Fr. Blass, la pierre angulaire du système wolfien.

Les raisons littéraires de composition, d’ordonnance, de « fabrique », qu’avait si longuement traitées d’Aubignac, Wolf les laissait « aux Klopstock, aux Wieland, aux Voss, aux juges qui savent d’expérience comment se fait un grand poème. » Les raisons philologiques, grammaticales, — dont il avait, paraît-il, une simple provision : nehmen Sie dazu, écrivait-il à Böttiger le 15 mai 1795, dass ein grosser Theil jener innern Gründe im Homer sogar grammatische sein werden[1], — il les gardait pour l’exposé de haute critique qui devait occuper quelque jour le second volume de ses Prolégomènes. Dans ce premier volume, il ne voulait appliquer à la question homérique que les préceptes du célèbre J.-J. Griesbach.

Dans sa dissertation de 1768 « sur la Confiance que l’historien doit donner aux textes d’après la nature même des choses rapportées », J.-J. Griesbach avait posé deux criteria, l’un historique, l’autre philosophique, de la vérité en histoire. Criterium historique : est-il humainement possible que l’événement se soit produit tel qu’on nous le rapporte et de la façon qu’on nous dit ?... Criterium philosophique : le fait rapporté est-il probable et vraisemblable, ou non ?... Wolf pensait que l’histoire des poèmes homériques était éclairée d’un jour tout

  1. W. Peters, Zur Geschichte, p. 17.