Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/192

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« Si l’écriture, dit Merian en son chapitre iv, étoit assez connue des Grecs et depuis assez longtemps,... il en devoit rester au siècle d’Homère des traces dans la langue. » Or ni Homère ni Hésiode n’ont d’expressions relatives à cet art : « Le peu de mots que l’on a dans la suite transférés à cet art, ont dans ces deux poètes un sens tout à fait différent. Celui à qui l’on a fait signifier écrire (en note : γράφειν) n’est point dans Hésiode et ne signifie dans Homère que graver, entailler, faire des incisions, sans aucun rapport à des caractères alphabétiques... ; ce que je dis de ce verbe est également vrai de ses dérivés et de ses composés (en note : ἐπιγράφω, ἐπιγράβδην, γραπτὺς), qui dans les mêmes poètes ne se réfèrent jamais à l’écriture,... et il est remarquable que tous ceux que les âges suivants ont particulièrement consacrés à la peinture et à l’écriture sont de ce nombre (en note : γράμμα, γραφή, γραπτός, avec leurs composés γραμματικός, γραμματεύς, etc.) ; si tout ce que le faux Hérodote raconte des maîtres d’école, qui enseignèrent les γράμματα du temps d’Homère, étoit vrai, si Homère eût vécu chez un homme de cette profession, s’il l’avoit exercée lui-même, tous ces termes lui devoient être bien familiers. »

Wolf a deux notes aussi (10 et 51) sur les termes grecs relatifs à cet art, mais à quarante pages d’intervalle. La première traite, comme la première de Merian, du seul verbe γράφειν, et Wolf ajoute, comme Merian, la « peinture » à l’ « écriture », neque illud graecum significationem pingendi habet apud Homerum. La seconde traite, comme la troisième de Merian, des mots γραφή et γράμμα. Cette note 51 de Wolf commence par les mots : « De verbo γράφειν, satis dictum est, il a été assez parlé du mot γράφειν ». A qui et à quoi pensait Wolf en écrivant ce début ? à lui-même et à sa première note 10 ? ou à Merian ? La première réponse est la seule qui pa-