Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/216

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Si Heyne donnait au public ces précisions de date, c’était pour répondre à des insinuations ou à des allégations de Wolf, qui dans sa Préface de 1795, avait dit : « Dès mon adolescence, ce fut l’un de mes vœux de publier une édition critique d’Homère avec commentaires et notes… ; la sagesse de ce vœu ne me semblait porter atteinte à aucun droit de préoccupant, puisqu’en dehors de mon ami Kœppen, personne n’avait en chantier de publication savante sur Homère[1]. » Wolf affirmait ainsi n’avoir rien connu des projets de Heyne. C’était un gros mensonge : Wolf se le fût sans grand peine épargné si, avant de l’écrire, il avait pris seulement la précaution de relire quelques pages de son « adolescence ». Dans sa Préface à la Théogonie de novembre 1783 et dans ses Observationes de mars 1784, il avait proclamé les services que Heyne lui avait rendus et les emprunts que lui-même avait faits aux publications de Heyne[2] ; surtout sa Préface à l’Iliade de 1785 contient dans le texte et en note cet aveu : « Homère est un auteur dont le texte actuel diffère évidemment en maintes façons de sa forme primitive ; pour lui rendre son intégrité, il faut à grand renfort de science mettre en œuvre bien des secours ; c’est un sujet qu’en quelques lignes de son Épître à Tychsen, vient de magistra-

  1. Kleine Schriften, I, p. 198 : nam illud mihi inde ab adolescentia in votis fuerat ut si, promissis aucti essemus opibus et praesidiis, Homerum accurate religioseque emendarem… ; cujus voti mei modestia non videbatur in occupatam a quoquam provinciam invadere, quoniam praeter Koeppenium meum nemo erat qui aliquid doctius in Homerum moliretur.
  2. Kleine Schriften, I, p. 161-2 : v. i. Heynii disquisitionem iterum in rem meam convertendam duxi indeque transcripsi quae interiorem rerum intelligentiam adjuvare viderentur… ; contigit mihi demum post textum typis jam exscriptum ut qui ab omnibus praesidiis primum essem inops, ope amicorum quorundam et virorum erga me benevolentissimorum, ex quibus Heynium et Reizium honoris causa nomino, aliquantulum ditescerem.