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tout au début de son adolescence, dès 1770, qu’il avait formé son dessein homérique, et il en avait entretenu Heyne lui-même en cette année 1779, au mois de juillet. » Heyne, qui avait bonne mémoire, se rappela cette confidence de Wolf, mais aussi la réponse que lui, Heyne, y avait faite : « Tout devait rester en suspens jusqu’à la publication de l’Homère de Villoison[1]. »

Jean-Baptiste-Gaspard d’Ansse de Villoison (1750-1805) a été l’une des gloires françaises dans les dernières années de l’Ancien Régime[2]. Célèbre dès le collège pour sa connaissance du grec et du latin, il avait publié à vingt-deux ans le Lexique d’Apollonius qui fit une première révolution dans les études homériques et qui lui ouvrit, avant l’âge réglementaire, les portes de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Envoyé en mission scientifique à Venise, il y découvrait à la fin de 1778 ou au début de 1779 le fameux manuscrit de Saint-Marc n° 454, « le manuscrit grec le plus précieux et le plus important de l’Europe », écrivait-il à ses amis de France, d’Allemagne et de Hollande.

« C’est une Iliade du dixième siècle, pleine de notes et de scholies inédites, tout à fait différentes de l’Eustathe du manuscrit de Leyde, dont M. Valckenaer a publié l’Iliade, et de celui de Leipzig, que Bergler a fait connaître, en un mot de toutes les scholies rassemblées en dernier lieu par M. Wassemberg, et infiniment préférables à toutes sortes d’égards. Ce manuscrit unique, qui est un des plus rares trésors de l’antiquité, renferme

  1. Cf. W. Körte, Leben und Studien, p. 298.
  2. Voir le grand ouvrage que lui a consacré en 1910, dans la Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Charles Joret : D’Ansse de Villoison et l’Hellénisme en France, p. v-xii et 1-539.