Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/230

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exact des ressources et des méthodes dont avait usé la critique alexandrine ; par la comparaison des divers passages, cet index lui aurait fourni la valeur précise des termes et, par suite, des principes auxquels avait eu recours la philologie de l’antiquité. Tout le problème se fût alors éclairé. Mais au sortir des tempêtes égéennes, Villoison n’eut pas l’esprit à cette tâche ; ce minutieux et, pourtant, indispensable travail ne devait être entrepris et, en partie seulement, réalisé qu’en 1739-1790, par un Allemand, C. T. Kuinoel, pour la Bibliotheca graeca d’Harles-Fabricius[1] ; encore n’était-ce que l’index des noms propres.

Faute de cet instrument, Villoison tomba dans l’erreur régnante et s’en fit le propagateur. Sa prodigieuse érudition lui fournit des arguments dont il fit profiter ses correspondants de toutes langues, et c’est ainsi qu’Harles-Fabricius put invoquer une de ses lettres pour confirmer les lecteurs de la Bibliotheca graeca[2] dans la conviction (nous avons retrouvé cette affirmation sous la plume de Wolf) qu’il était impossible de dégager le texte original et la forme primitive des poèmes homériques, tant était compact l’amas de corrections et de corruptions dont commentateurs, grammairiens et rhapsodes l’avaient, tour à tour, accablé.

Heyne écrivait à Villoison le 10 janvier 1799, à la fin de notre tourmente révolutionnaire, durant laquelle notre

  1. Cf. Harles-Fabricius, op. laud., p. 444-451.
  2. Le lecteur français trouvera dans l’Iliade d’Alexis Pierron, I, p. lxxiv-xc un exposé de l’œuvre de Villoison ; il y faut signaler quelques erreurs de détail (ex : 1781 au lieu de 1779 pour la date de la découverte du Venetus par Villoison). Voir aussi en appendice au second volume d’Alexis Pierron une analyse des Prolégomènes de Villoison (p. 499-521).