Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/284

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raissent enfin comme des facteurs indispensables de la réussite.

La guerre de 1870 avait eu pourtant un résultat important et durable sur notre vie intellectuelle : ce fut l’admiration un peu servile où nous tombâmes à l’égard de la science allemande. Durant ces vingt dernières années surtout, le culte aveugle de l’érudition germanique a sévi dans nos chaires et dans nos livres d’enseignement, et, comme toujours, il s’est trouvé des ministres de ce culte pour en faire commerce et en tirer de beaux bénéfices. En science comme en finance, la France de 1914 comptait quelques fortunes un peu scandaleuses et beaucoup de fortunes peu patriotes.

Il s’en était érigé à la corbeille de la Bourse ou dans les alentours, par le seul courtage des valeurs allemandes : l’opulence avait récompensé le placement parmi nous des plus douteuses, des plus mauvaises de ces valeurs, et de celles-là surtout qui mettaient l’épargne française au service des entreprises les plus directement tournées contre notre existence nationale. Dans les rapports scientifiques des deux peuples, dans les affaires de philologie surtout, il n’en avait pas été autrement.

Les importateurs d’idées allemandes nous avaient rendu d’abord quelques grands services : au lendemain de nos défaites, nous avions le besoin de retremper nos méthodes et nos connaissances en des eaux plus scientifiques et de nous mettre à l’école des philologues d’Allemagne. Mais il eût été grandement souhaitable que cette importation ne fût que la matière première d’une science à la française...

Durant les vingt années dernières, c’est parfois le seul courtage des livres, des théories ou des imaginations allemandes, — et de tous et de toutes, sans discernement, — qui fit telle et telle fortune scientifique dont il n’était même plus permis de sourire.