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qu’elles payaient annuellement aux auteurs et aux libraires de France, d’Angleterre et de Hollande. Wolf s’était mis à l’œuvre avec un zèle d’autant plus hâtif qu’il voulait obtenir du ministre une chaire d’université, d’abord, et un traitement, ensuite : quand en janvier 1783, von Zedlitz lui offrait la chaire de Halle, il lui garantissait « la pleine liberté de penser », mais un salaire de 300 thalers seulement ; Wolf allait donner tous ses soins à obtenir le supplément que le ministre lui faisait espérer[1].

Dès 1782, il avait publié le Banquet de Platon. « Durant les dix années dernières, disait-il en sa Préface[2], l’étude des littératures anciennes a fait chez nous tant de progrès que nous possédons aujourd’hui des éditions qui peuvent être ou comparées ou même préférées aux meilleures productions de l’étranger ; mais ce sont les poètes de l’antiquité qui, surtout, ont eu ce bonheur ; que de souhaits il reste encore à faire pour les philosophes de la Grèce ! »

Néanmoins, dans un temps « où un philosophe occupait le trône de Prusse et où son ministre éclairé montrait le chemin vers la sagesse platonicienne », nombre de professeurs répondaient à leur appel : le Phédon, le Ménon, le Ménéxène, d’autres dialogues encore de Platon avaient trouvé leur éditeur ; Fischer avait publié le Banquet et le Philèbe en 1776. C’est de cette recension savante que Wolf se hâtait de tirer une édition scolaire, en utilisant les derniers ouvrages français, tant la traduction de Racine (publiée dans les Œuvres de Jean Racine avec des Commentaires, par M. Luneau de Boisgermain, Paris, 1768), que

  1. Cf. là-dessus, W. Körte, Leben und Studien F. A. Wolfs, I, p. 78, 100 et 103.
  2. Cf. Kleine Schriften, I, p. 131 et suivantes.