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et que la plupart des noms des anciens auteurs y sont tronqués et défigurés. On peut voir un extrait de cet ouvrage dans le Journal littéraire. M. Boscheron prétend que... l’Abbé d’Aubignac ne « considérait sa Dissertation que comme un Jeu d’esprit, persuadé qu’il pouvait soutenir qu’Homère n’était pas un bon Poëte, et même qu’il n’avoit point existé, sans se rendre suspect d’être mal affectionné à la Couronne ou de mal penser de la religion. » Je ne sai si cette idée de M. Boscheron est bien fondée. L’ouvrage de M. d’Aubignac n’a point du tout l’air d’un Jeu d’esprit, surtout la manière dont il le finit. »

Il est probable que Wolf a connu cet article de Chauffepié, dont le Dictionnaire historique, continuation du dictionnaire de Bayle, était un des instruments de travail les plus répandus dans toutes les bibliothèques de l’Europe, à la fin du xviiie siècle. Un éditeur récent des Prolégomènes (Calvary, Berlin, 1876) a joint au texte de Wolf les notes qu’E. Bekker (1785-1871) avait mises aux marges de son exemplaire ; en regard du passage où Wolf nomme d’Aubignac, E. Bekker a écrit : Vide Chauffepié. Wolf lui même, dans son étude sur Hérodien, parue à Halle en 1792, renvoyait à un article de « Chaufepié[1] ».

Chauffepié, à son tour, renvoie le lecteur au Journal littéraire de 1717, où l’on trouve, en effet, à la page 121-142, un compte rendu des Conjectures académiques : « Il n’était pas fort nécessaire que l’Éditeur de cet Ouvrage s’arrêtât à en annoncer l’auteur comme un homme savant, de grande Littérature et d’une profonde pénétration, puisque le Lecteur le moins attentif y aurait facilement découvert ces qualitez ; mais ce que nous lui aurions sçû gré de nous apprendre, c’est justement

  1. Kleine Schriften, I, p. 453.