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les érudits d’Allemagne, a aussitôt connu et utilisé cette Bibliotheca d’Harles-Fabricius. Mais le texte et les notes des Prolégomènes sont là pour nous en fournir à plusieurs reprises le témoignage. Si même Wolf n’a pas traité en ses Prolégomènes tel chapitre de l’histoire du texte homérique, dont il faisait pourtant l’annonce et la promesse, — l’histoire des poèmes imprimés, par exemple, — c’est, dit-il en sa note 2, que le nouvel éditeur de la Bibliotheca graeca avait soigneusement et abondamment exposé le sujet ; donc à la minute même où il faisait sa promesse, Wolf semblait décidé à ne la pas tenir ; se réservant les critiques anciens, il comptait négliger un peu ces éditeurs modernes « qui ne valent pas qu’un homme fort occupé s’en embarrasse[1] » ; il les laissait à Harles-Fabricius.

Or, dans la Bibliotheca graeca, tout juste en regard de la note où Harles célébrait les mérites de Wolf, il parlait de d’Aubignac, des Conjectures et de leur histoire, donnait la bibliographie de l’affaire et résumait la doctrine de l’abbé : « Hédelin affirme qu’il n’y a jamais eu un Homère auteur de ces illustres poèmes ; l’Iliade et l’Odyssée ne sont que des collections de chants divers ou tragédies que l’on chantait dans la Grèce primitive et qui ne méritent pas la gloire qu’ils ont acquise. »

Wolf, en sa note 84 des Prolégomènes, répète ou peu s’en faut cette note de la Bibliotheca ; il l’allège seulement des références bibliographiques. La Bibliotheca

  1. Prolegomena, p. 24, note 2 : curavit id nuper novus Editor Bibliothecae Fabricianae copiose et accurate... ; antiquos potissimum fontes anquiremus, non hos novitios editorum librorum, quibus quae factae sunt vicissitudines textus, si cum illis comparentur, vix dignae sunt occupati hominis indagatione.. ; si quid autem ab aliis jam dudum collectum repetam, communi materia utar novo modo ; qua in re me admodum sollicitum habent angustiae hujus libelli, unde brevitas exsistet parum apta talibus rebus et interdum immodestiae speciem habitura.