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qu’une odeur spéciale, très caractéristique, émanait de ces blessés. Tous sont d’accord pour affirmer que cette odeur, par sa fétidité, affecte péniblement l’odorat. En effet, dans un hôpital ou une ambulance, elle est appréciable même lorsqu’il ne s’y trouve qu’un seul blessé allemand. On la perçoit déjà à une certaine distance du lit, et elle vous poursuit lorsqu’on s’en éloigne, parce qu’elle reste fixée sur les vêtements et sur les objets qui ont été en contact avec le malade.

L’enquête que j’ai entreprise sur cette question est venue pleinement confirmer mes impressions personnelles.

Il n’est pas douteux qu’il se dégage des allemands une odeur spécifique, sui generis, et que cette odeur est particulièrement fétide, nauséabonde, imprégnante et persistante.

On ne la constate pas seulement chez les sujets blessés ou malades. Elle est également l’apanage de ceux qui sont bien portants. Plusieurs officiers français m’ont déclaré qu’ayant eu à accompagner des détachements de prisonniers allemands ils étaient obligés de détourner la tête tant l’odeur nauséabonde qui se dégageait de ces hommes les incommodait.

Des officiers d’administration, ayant dans leurs attributions de recueillir et de classer les objets trouvés sur les prisonniers, m’ont dit que les billets de banque trouvés sur les allemands étaient imprégnés à un tel point de cette odeur désagréable qu’ils étaient dans la nécessité de les désinfecter. Il en était de même pour les divers papiers et tous les autres objets.

Les exhalaisons fétides qui émanent de tout groupement d’allemands, qu’il soit composé d’éléments civils ou militaires, ont été l’objet de nombreuses constatations. Ainsi, en Alsace, c’est une habitude de dire que lorsqu’un régiment allemand passe, l’odeur nauséabonde qu’il a dégagée ne met pas moins de deux heures à se dissiper. Plusieurs aviateurs m’ont affirmé que lorsqu’ils arrivent au-dessus d’agglomérations allemandes, ils en sont avertis par une odeur dont leurs narines sont affectées, même lorsqu’ils survolent à une très grande hauteur.

Récemment des infirmières m’ont rapporté qu’une de leurs collègues, désignée pour assister à une séance de vaccination de prisonniers allemands, avait rapporté dans ses vêtements l’odeur spécifique de ces hommes et qu’elle l’avait conservée pendant plusieurs heures.

Le chirurgien Bazy me disait il y a quelques jours, à l’Hôpital Beaujon, que, après la guerre de 1870, les casernes dans lesquelles avaient résidé les troupes du corps d’occupation allemande, conservèrent une odeur spéciale, très désagréable. Elle demeura nettement accusée pendant plus de deux ans après le départ des troupes, aucun des procédés de désinfection mis en usage ne parvenant à la neutraliser.