Page:Bérillon - La Bromidrose fétide de la race allemande, 1915.djvu/8

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endémique dans les quatre provinces du Brandebourg, du Mecklembourg, de la Poméranie et de la Prusse orientale. Son intensité varie naturellement avec les variétés atmosphériques, thermiques, alimentaires et hygiéniques ; mais elle y existe à l’état permanent et se retrouve dans toutes les classes de la société. C’est une affection originairement prussienne ; par la diffusion de l’élément prussien et par son mélange avec les autres éléments allemands, elle s’est étendue à toute l’Allemagne.

La famille régnante des Hohenzollern lui a, de tout temps, payé un large tribut. Malgré les précautions de tout ordre auxquelles il a journellement recours, en dépit des formalités, des prescriptions de caractère souvent injustifiable et incompréhensible, dont ses déplacements sont entourés, le chef actuel de cette dynastie n’est pas parvenu à la dissimuler. Elle figure au nombre des tares multiples de dégénérescence dont il est frappé. Il n’est pas arrivé à la soustraire à la perception olfactive, particulièrement indiscrète, de ses familiers. Ces constatations ont, dans le milieu impérial, souvent donné lieu à des allusions du goût le plus douteux.

Par l’existence de cette bromidrose familiale, et par les soins constants qu’elle nécessite, on peut seulement arriver à expliquer une des manies les plus singulières de l’auguste monarque. On sait qu’à l’occasion de chacun de ses séjours dans les villes où il n’y a pas de résidence impériale, les hôtes du kaiser sont tenus de pourvoir, à grands frais, sur les indications de l’architecte de la cour, à la construction d’un cabinet de toilette extrêmement luxueux. Ce buen retiro confortable, exclusivement réservé à la personne du kaiser, ne doit avoir qu’une durée très éphémère. Il est condamné à disparaître après la visite impériale ; aussi on comprend qu’un certain nombre de particuliers et de municipalités aient, malgré l’honneur qui leur était fait, reculé devant une dépense jugée trop élevée pour son caractère provisoire.

Dans une circonstance analogue, la ville de Cologne n’hésita pas à construire un cabinet de toilette dont la construction revint à vingt mille marks, et qui ne fut utilisé qu’une seule fois. Plus avisée, la municipalité socialiste de Nuremberg s’en tira à meilleur compte. Sur la proposition d’un édile ingénieux, l’édifice, sous les apparences d’un luxe exagéré, ne revint qu’à deux cents marks, ayant été édifié à grand renfort de stuck et de carton doré.

Un grand nombre de médecins français, lorsqu’ils ont eu à soigner des blessés allemands, ont reconnu spontanément