Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/213

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LA MORT DE DANTON . 181 sérieux. Je ne comprends pas pourquoi les gens ne restent pas debout dans la rue en se riant en pleine figure. Je suis d'avis qu'ils devraient rire par les fenê- tres et hors des tombeaux, et que le ciel et la terre devraient, l'un crever, l'autre se tordre de rire. (Ils s'éloignent). PREMIER MONSIEUR. — Je vous l'assure, c'est une découverte extraordinaire. Tous les arts techniques en prendront une autre physionomie. L'Humanité se hâte à'pas de géants vers ses hautes destinées. SECOND MONSIEUR. — Avez-vous vu la nouvelle pièce ? une tour babylonienne, une confusion de voûtes, de petits escaliers, de corridors, et tout cela lancé en l'air avec tant de légèreté et de hardiesse! On a des vertiges à chaque pas. Une tête bizarre. {Il s'arrête embarrassé). PREMIER MONSIEUR.— Qu'avez-vous donc ? SECOND MONSIEUR. — Oh ! rien. Votre main, Monsieur ! la flaque, là ! Je vous remercie, je puis à peine passer ; cela pourrait devenir dangereux. PREMIER MONSIEUR^ — Vous n'avez pas peur, je suppose ? SECOND MONSIEUR. — Si. La terre est une croûte mince, il me semble toujours que je pourrais m'y enfoncer, avec un pareil trou. Il faut s'avancer avec précaution, on serait capable de la percer. — Mais allez au théâtre, je vous le conseille. UNE CHAMBRE DANTON. CAMILLE. LUCILE. CAMILLE. — Oui, je vous le dis, s'ils ne reçoivent pas tout sur de lourdes copies, répandues dans les théâtres, les concerts et les expositions d'art, ils n'ont pour la 12.