Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/335

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l’étroit, voyez-vous, il me semble parfois que je touche des mains le ciel. Oh ! j’étouffe ! Je crois en outre souvent sentir une douleur physique, là, au côté gauche, au bras avec lequel je l’étreignais. Cependant je ne puis plus me la représenter, son image s’enfuit, et cela me torture ; ce n’est que si par hasard elle redevient claire à mes yeux, que je me trouve de nouveau bien.

Il revint plus tard souvent encore sur ce sujet avec Madame Oberlin, mais ordinairement en phrases entrecoupées ; elle ne savait trop que lui répondre, mais ses quelques paroles faisaient du bien à Lenz.

Cependant ses tortures religieuses continuaient. Plus il se sentait intérieurement vide, froid, près de mourir, plus il brûlait du désir d’éveiller en lui une ardeur ; il lui vint des souvenirs des temps où tout s’agitait dans son être, où il s’affaissait sous le poids des sensations ; et maintenant si mort ! Il désespérait de lui-même, il se jetait à terre, il se tordait les mains, il remuait tout en lui ; mais mort ! Alors il suppliait Dieu de lui faire un signe, alors il fouillait en lui-même, il jeûnait, il s’étendait sur le sol et rêvait. Le 3 février, il entendit dire qu’un enfant était mort à Fouday, et cette nouvelle s’empara de lui comme une idée fixe. Il se retira dans sa chambre et resta un jour sans manger. Le 4 il entra subitement dans la chambre de Madame Oberlin, le visage couvert de cendre, et