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critique sociale

conque, est un vol social. Ce que M. Thiers et ses co-rabâcheurs dénomment avec emphase les économies annuelles de la France n’est qu’un funeste accaparement de l’agent de circulation (instrument d’échange).

Que d’encens brûlé sur les autels de l’Épargne, cette vertu-déesse, prétendue Providence du foyer ! une harpie inassouvissable, qui dévore par millions les enfants des hommes !

Le propriétaire touche en écus sonnants ses loyers et ses fermages, le créancier de l’État ses rentes, le prêteur ses intérêts, l’actionnaire ses dividendes, le banquier ses escomptes, la grande industrie ses bénéfices, le haut commerce ses profits, l’agioteur ses différences. Tous ces prélèvements du capital sur le travail réduisent d’une somme égale la consommation de l’ouvrier, la plus régulière, la plus utile, la plus morale, car elle à pour cause les stricts besoins de la vie, et pour objet les denrées de première nécessité. Celle du riche, au contraire, mobile et fantasque comme les passions, crée, par les excentricités du luxe, une industrie aléatoire, toujours semée de périls et de naufrages.

Or, que fait le capitaliste de ces revenus pour lesquels tant de gens ont sué, excepté lui ? Deux lots, l’un de la jouissance, l’autre de l’épargne. Le plus pernicieux n’est pas celui qu’on pense. Dans l’ordre actuel, il faut bien accorder les