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critique sociale

Ainsi se passent les choses depuis les temps historiques. Ce qui à été sera-t-il toujours ? Le genre humain est-il voué à l’exploitation perpétuelle ? Ou bien, s’il lui échappe, par quelle issue ? L’abus capitaliste est-il fatalement inhérent au régime de l’échange, où suppressible par les procédés de l’école Proudhonienne ? L’avenir trouvera-t-il sa voie dans le mutuellisme, ou dans l’association intégrale, c’est-à-dire dans la communauté ?

Ici s’arrête la démonstration et commencent les conjectures. Le problème posé ne réunit pas encore les données suffisantes pour une solution mathématique. Toutes les angoisses de notre temps tiennent à l’impossibilité actuelle de dégager l’inconnue.

Angoisses toujours plus poignantes ! Car la société, mise en demeure d’abandonner une route qui mène aux abîmes, semble au contraire s’y enfoncer avec une furie aveugle, comme pour rendre impossible tout changement de direction. En vain le cri presque universel réclame l’égalité. Chaque jour, la tranchée se creuse plus profonde entre deux castes uniques, l’opulence et la misère. Les situations intermédiaires disparaissent. Toutes les conquêtes de la science deviennent une arme terrible entre les mains du capital contre le travail et la pensée.

Tant pis pour lui ! La démence est le commen-