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critique sociale

Mesures absurdes, qui se heurtaient à l’effet, au lieu de s’en prendre à la cause, funestes à l’industrie et au commerce, parce qu’elles arrêtaient les dépenses somptuaires, sans les remplacer par des dépenses utiles.

Car c’est précisément le crime du capital d’immoler au superflu la société qu’il gouverne, en la privant du nécessaire. Luxe est corrélatif d’indigence. L’oisif consomme sans travailler, Le prolétaire travaille sans consommer, Ici l’excès des jouissances, là celui des privations.

Luxe et indigence sont donc aujourd’hui frère et sœur. Ils ne l’ont pas toujours été. Ils ne le seront pas toujours. Le passé lointain, avant la dynastie de l’Empereur-Écu, avait l’indigence sans luxe ; après sa chute, l’avenir aura le luxe sans indigence. Pour le quart d’heure, sous le règne de sa majesté métallique, le luxe est le représentant et le thermomètre de la misère. Car il est la livrée de l’opulence qui est mère et fille de la pauvreté.

Une société régie par le capital ne peut se concevoir sans luxe. Il est la dépense des riches, la seule partie de leurs prélèvements usuraires sur le travail qu’ils laissent rentrer dans la circulation, au pair, sans primes nouvelles. N’était cette obole, il faudrait mourir. Comparées aux rapines de l’épargne, les prodigalités, en dépit de leur révoltant scandale, paraîtraient presque un