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acceptaient aussi le Concile de Chalcédoine. Cependant Théodore était bien vu de tous, non seulement pour sa qualité d’évêque, mais encore pour ses vastes talents et sa connaissance profonde du grec, de l’arabe et du syriaque[1]. Ses adversaires eux-mêmes lui donnaient, dans leurs polémiques avec lui, le nom de Sage ou de Philosophe[2]. Son nom, dans ses écrits, est souvent suivi de ce dernier qualificatif ou de celui de Docteur et Théologien. Ses sermons étaient lus à l’église aussi bien que ceux de saint Jean Chrysostome et ceux de saint Basile, d’après les anciens sermonnaires en arabe.

Michel, comme jacobite fanatique, dit qu’il a été déposé par son patriarche d’Antioche Théodoretus, à cause des accusations portées contre lui au sujet de la doctrine de Maxime qu’il prêchait avec zèle. Il dit encore : « Quand il vit que les Chalcédoniens n’acceptaient pas cette doctrine, il chercha à parcourir l’Occident et induisit en erreur beaucoup de gens simples parmi les Maximites. Il alla à Alexandrie, et comme il était un sophiste il disputait par ses arguments, et comme il connaissait la langue sarrazine (arabe), il faisait l’admiration des gens simples. Mais comme il ne réussit pas à Alexandrie, il partit pour l’Arménie. Il arriva près de Ašôd le patrice, et, dès la première rencontre, il le séduisit et se le rendit favorable… Mais le patriarche jacobite ne tarda pas à envoyer Nonnus, l’archidiacre de Nisibe, qui eut deux discussions religieuses avec Abou-Kurra en présence du même patrice qu’il gagna avec toute sa famille à sa doctrine[3]. »

Le manuscrit arabe 159 de la Bibliothèque Nationale de Paris renferme des lettres polémiques d’Abou-Raïta, métropolite jacobite de Tagrit. La seconde lettre (p. 81), qui a pour titre « Réfutation des Melchites au sujet de l’union », est adressée à ce patrice qui l’a invité pour faire devant lui une discussion religieuse avec Abou-Kurra. Dans cette lettre Abou-Raïta s’excuse près du patrice de ne pouvoir venir accomplir son ordre réitéré deux fois et lui envoie cette lettre avec son parent le diacre Élien pour discuter avec Abou-Kurra.

Une autre lettre (p. 84), qui a pour titre « Justification de l’addition au Trisagion de : qui a été crucifié pour nous », est adressée à ce patrice qu’il nomme Ašôha, fils de Sembat ; elle renferme la réponse aux attaques d’Abou-Kurra contre cette addition. Abou-Raïta appelle son adversaire Melchite, Chalcédonien, Maximite, et l’accuse de nestorianisme caché. Il s’applique à lui montrer l’usage de cette addition chez les Maronites qui sont cependant des Chalcédoniens ; il cite encore la prière chantée à la Messe chez les Melchites en grec et en arabe, et dans laquelle ils disent : « Vous fûtes crucifié, ô Christ notre Dieu[4]. »

  1. Mich., t. III, p. 32.
  2. Loc. cit., et Lettres d’Abou-Raïta. — Ms. 169.
  3. Michel, t. III, p. 32 et 33.
  4. Cette prière est chantée dans la seconde Antienne. Abou-Raïta la mentionne dans le texte grec avec une traduction arabe comme monument ancien de la foi orthodoxe antérieur à l’époque du Concile de Chalcédoine. Ce témoignage est remar-