Page:Bachelet - Dezobry - Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques.djvu/103

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esprits plus sages et non moins courageux que modérés, au lieu de désespérer de la raison, se sont remis et l’œuvre. Profitant de l’exemple donné par les écarts de la spéculation, ils ont entrepris d’appliquer aux recherches philosophiques une méthode plus sûre et plus positive. Plus curieux d’observer et de connaître les faits avant de vouloir les expliquer, plus respectueux envers le sens commun et les croyances de l’humanité, ayant a cœur de concilier la pratique avec la spéculation, ils se sont mis à étudier les problèmes philosophiques dans cet esprit, et s’ils n’ont montré le génie et les brillantes qualités de leurs prédécesseurs, ils peuvent rendre de grands services la philosophie. A la tête de cette louable entreprise en peut citer M. Hermann Fichte, fils du grand philosophe, M. Apelt, etc. D’autres, voués à des recherches particulières, ont produit des ouvrages remarquables, et développé avec succès certaines branches de la philosophie. L’esthétique de M. Vischer, conçue dans les principes de la philosophie de Hégel, est exécutée avec une certaine indépendance.

Mais le mouvement provoqué par Kant s’est arrêté ; comme toujours, cette grande époque de création et de fécondité a été suivie d’une époque d’épuisement et de stérilité. Aucun système remarquable de philosophie n*a paru en Allemagne depuis Hégel ; seulement, des travaux estimables peuvent s’élaborer en silence et être utiles à la science et à ses progrès futurs. B-D. ALLEMANDE (Numismatique). Dès les premiers temps du royaume de Germanie, les seigneurs féodaux battirent monnaie comme en France. Les rois, qui leur concédèrent ce droit, ne l’exercèrent eux-mêmes que dans leurs États héréditaires : tout au plus les voit-on, alors même que la couronne impériale semble avoir ajouté quelque chose à leur puissance, se réserver le privilège bizarre de frapper, partout où ils se trouveront, une monnaie qui aura cours forcé quelques jours avant et après leur arrivée. Les pièces allemandes de cette époque représentent généralement la tête de l’empereur vue de face, ou celle d’un évêque, d’un patron, et au revers, quelque édifice qui est Pemblème des villes où elles ont été fabriquées : l’exécution en est très-grossière, au point que les lettres mêmes des légendes sont remplacées par de simples traits. C’est vers le milieu du x’siècle que parurent cs pièces dites bractéales (V. ce mot), qui, employées d’abord concurremment avec la monnaie ordinaire, finirent par devenir beaucoup plus répandues. Jusqu’au xin° siècle, on ne frappa point de monnaie d’or. A la fin de ce siècle, les seigneurs allemands se mirent a imiter les monnaies françaises (le denier, le tournois, le parisis), et, plus tard, les gros ou lions de Flandre, les sterlmgs et les blancs d’Angleterre, les florins d’Italie, toutefois sans abandonner complètement les types originaux. En Allemagne comme dans les autres pays, les monnaies avaient toujours été très-minces : elles prirent une certaine épaisseur à partir de Charles-Quint ; les pièces d’argent surtout reçurent un grand module au xvi’siècle. Cette même époque vit l’art monétaire atteindre une perfection remarquable ; mais la guerre de Trente Ans en arréta les progrès. Il serait impossible de suivre, au milieu de leur infinie variété, les monnaies, médailles et méreaux que firent frapper les empereurs, les princes, les évêques et les villes jusqu’à la fin du xvm° siècle ; les ateliers étaient nombreux et actifs. Constatons seulement le crédit que la monnaie de Marie-Thérèse posséda chez les Turcs, puisque, pour les besoins du commerce avec ce peuple, l’Autriche a continué d*en frapper au même titre, longtemps après la mort de l’impératrice. Les États allemands conservent encore de nos jours leurs anciens types, avec toute leur diversité, et la monnaie ne semble pas devoir s’y ramener de longtemps au système décimal.

ALLIANCE, union de deux ou de plusieurs États. Elle est dite offensive, si elle a pour but d’attaquer un ennemi commun ; défensive, s’il ne s’agit que de se prêter mutuellement secours en cas d’agressien extérieure. Très-souvent les alliances ont ce double caractère. Quand les puissances contractantes s’engagent a faire la guerre, chacune avec toutes ses forces, l’alliance prend le nom de société de guerre, alliance pour faire la guerre en commun. Quand il y à une puissance principale, et que ses alliés ne sont tenus qu’a fournir chacun un nombre de troupes déterminé, l’alliance est dite auaziliaire. Quand une puissance s’engage seulement à fournir des troupes en retour d’une certaine somme, ou à fournir de simples secours pécuniaires, l’alliance s’appelle traité de subsides. ALLIANCE, en hébreu bérith, en grec des Septante diathèkè, et en latin de la Vulgate testament, nom donné aux pactes que, suivant la Bible, Dieu fit avec son peuple par l’intermédiaire de quelques hommes, Adam, Noé, Abraham, Moise, etc. L’alliance de Dieu avec Adam avant et après le péché originel est appelée la loi de nature. L’alliance avec Moise, dite loi de rigueur, eut pour signe la circoncision, et pour gages les Tables de la loi ; de la le nom d’Arche d’alliance, appliqué au coffre qui les contint. La Bédemption fut le gage d’une alliance nouvelle, qui a reçu le nom de loi de grâce. Les expressions d’Ancienne alliance et Ancien Testament, Nouvelle alliance et Nouveau Testament, sont consacrées pour désigner le mosaîsme et le christianisme.

ALLIANCE. V. ANNEAU.. »

ALLIANCE (Arche d’). V. Aucun.

ALLIANCE, terme de Droit civil et de Droit canon. V. ÀFFINITÉ.

Ax.LiANce ne Mors, espèce de métaphore plus hardie que la métaphore proprement dite, et consistant dans le rapprochement de deux idées, de deux mots qui semblent s’exclure. L’emploi de cette figure demande beaucoup d’adresse et de réserve, et une connaissance profonde du génie de la langue. On connaît dans. Virgile Phnmortale jecur, fecundaque pœnis viscera, qui désigne d’une manière tout à. fait neuve le supplice du géant Titye, rongé sans relâche par un vautour dans les Enfers, et « dont le foie est immortel, et les entrailles une source féconde de chátiments. » - Multorum te oculi ct attres speculabuntur atque eustodient ; « Des milliers d’yeux et d’oreilles t’observeront, te surveilleront », dit Cicéron à Catilina ; et cependant les mots speculari et custodire ne conviennent point aux oreilles. Racine a été encore plus hardi, plus énergique, lorsqu’il fait dire par Néron à Junie ces mots terribles (Britannícus, II, 3) : Tentendraî des regards que vous crolrez muets. Ce sont encore de belles alliances de mots que celles-ci du même poëte :

Sa réponse est dictée, et même son silence. (Brítannicus, I, 2.)

Et Dleu trouvé fidèle en toutes ses menaces. ~ (Athalie, 1, 1.)

Déja de Plnsolence heureux persécuteur. (Phëdre, Ill, 5.)

Des poison : que lul-même a crus les plus fidèles. (Mítliridatr, V, 4.)

Corneille dit éloquemment d’un ambitieux fatigué du pouvoir :

Et, monté jusquüm faite, ll aspire á descendre. (Cinna, ll, l.)

Écouchard Lebrun a dit dans une de ses épitres : S’élever en rampant a dïndignes honneurs. P ALLITÉRATION, retour fréquent d’une même lettre ou d’une même syllabe dans plusieurs mots de suite. Ce mauvais vers de Voltaire, dans sa comédie de Nanme, en offre un exemple :

Non, ll n”est rien que Nanine n’honore.-On a reproché a, Euripide un assez grand nombre de vers rendus trop sifflants par le retour abusif du sigma. Chez les poëtes, Pallitération produit parfois les plus heureux effets, comme dans le vers suivant de Virgile, qui exprime la mélancolie d’Orphée atiligé de la perte d’Eurydice : Te, veuiente die, te, decedente, cznebat. C’est toi qu’il chantait å. la venue du jour, toi encore au déclin du jour. » Dans ceux-ci du même poële : Omnia sub magnã labentia flumina terrâ... Ergo œgrè rastris terram rimantur...

Luctantes ventes tempestatesque sonoras... ; Dans ce vers que Racine met dans la bouche d’Oreste égaré par la fureur (Andromaque, V, 5) : Pour qui sont ces serpents qui sifilent sur vos têtes ? Dans cet autre du même auteur (Phèdre, V, 6) : Sa croupe se recourbe en replis tortueux ; Dans celui-ci de La Fontaine (les Deua : Mulets, I, 4) x Il faisait sonner sa sonnette ;

Enfin dans ceux où le même poëte nous peint le Thésau-