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préface.

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cheter au de la de ses besoins, et d’attendre les chances d’une hausse qui quelquefois n’a pas lieu. - Il existe cependant encore divers modes d’accaparement : on peut accaparer : 1° une marchandise très-rare ; le mercure a été presque entièrement accaparé pendant plusieurs années ; 2° une marchandise exotique ; dans un port de mer, un négociant peut accaparer, à un moment donné, toutes les balles de coton, et faire, pendant quelques jours, de grands profits å l’aide d’une hausse momentanée ; 3° un produit dont la quantité, restreinte na.turellement, ne peut être augmentée facilement par la

concurrence ; le bassin houiller de la Loire a été entièrement accaparé vers 1838 par une grande compagnie, et la bouille a renchéri, sans qu’on put craindre, vu les frais de transport, la concurrence des houilles lointaines. La loi n’a que des moyens insuffisants de réprimer ces divers accaparements. Le Code pénal (art. 419 et 420) applique aux auteurs d’un monopole par coalition une peine qui peut être d’une année d’emprisonnement et de 10,000 fr. d’amende, et qui, si ce monopole porte sur les denrées alimentaires, s’élève jusqu’à, 2 ans de prison et 20,000 fr. îfamende, sans compter la surveillance de la haute poice. - L.

ACCASTILLAGE, terme de marine, désigne quelquefois toute la partie du navire qui est hors de l’eau, et plus ordinairement les deux gaillards, et, par extension, la coursive qui les joint..

ACCENDITE, cérémonie qui se fait en plusieurs églises quand on allume les cierges aux fêtes solennelles. C’est un diacre, ou un sous-diacre, ou les acolytes, ou les chautres, qui chantent Yaccendite.

ACCENSE, ACCENSEMENT, termes de l’ancien droit français, désignant un bail, soit qu’il fût d ferme, d rente, ou à cens. Dans certaines localités, on nommait encore. accense le prix d’un fermage, et les fermiers étaient appelés Accenseurs.

ACCENT. Ce mot, dans son acception la plus générale, exprime l’élévation ou l’abaissement de la voix sur’les différentes syllabes d’un mot. Dans le premier cas il est aigu, dans le second cas il est grave. Ainsi, dans le mot français aimable, les syllabes az, ble, ont l’accent grave ; la syllabe ma, l’accent aigu 1 dans le mot latin amabilís, la svllabe ma l’accent aigu, et les trois autres l’accent grave :-dans le mot grec thalassa, c’est la première syllabe qui a l“accent aigu, et la’voix s’abaisse sur les deux dernières. L’accent aigu est souvent appelé en français accent tonique ou prosodique. Le mot accent vient du latin accentus, formé de ad et de cantus, et traduction exacte du mot grec prosódía (de pros, auprès, et ódè, chant), c.-à-d. chant dont on accompagne unesyilabe, les langues méridionales étant beaucoup plus chantantes que celles du nord, Le mot tonique est venu, par Fiutermédiaire du latin, du mot grec tonos, tension (de la voix), lequel avait pris chez les Romains la double forme tonus ou tenor (anciennement tonor, selon Quintilien). - En règle générale, un mot ne peut avoir qu’un accent tonique. Dans la langue grecque, cet accent porte toujours sur une des trois dernières syllabes, sans jamais pouvoir reculer plus loin, quelle que soit la longueur du mot. Il porte sur la dernière dans potamos, sur l’avant-dernière dans èméra, sur la 2° avant-dernière dans anthrópos. En latin, l’accent ces polysynaoes ne peut porter que sur deux syllabes, l’avant-dernière et la 2e avant-dernière : amdbas, admonébant, amabímini, admonúero. En français, l’accent n’afl’ecte que deux places, la dernière syllabe et l’avant dernière ; la dernière si elle est sonore, l’avant-dernière si’ la dernière est muette : ainsi, certú, oertúeuœ, vertueúse, triomphant, triámphe, adorateúr, adordble. Dans les mots dérivés du latin ou d’une autre langue étrangère (le grec et l’anglais exceptés), la syllabe accentuée est presque toujours conservée avec son accent, quelque détiguré que soit le mot : carême (de quadrag sima), aumóne (d’e1eemosyna), esclandre (de scándalum). Entre autres exceptions, il faut citer les mots comme maxime, cantique, venus de mots accentués sur Pantépénultième qui n’ont point éprouvé de syncope en devenant français, et, par conséquent, les infinitifs en oir venus de verbes latin s’en ère, comme savoir (sdpere), recevoir (recipere), etc., et les infinitifs en ir qui ne viennent pas d’un verbe de la 2° ou de la. 4° conjugaison, comme courir (cúrrere), quérir (quœrere). Si benedícere a fait bénir, c’est à cause de la syncope. - Cette règle, consistant à maintenir la partie accentuée avec son accent, est observée aussi en italien, et plus généralement que chez nous 5 amdvano, amáre, sc1*ívere, ’udíto, amíco, uomo, buóno, possíbile, grandíssimo, civitâ, virtù, etc. Il faut observer qu’en italien l’accent recule quelquefois sur la 3° avant-dernière et même sur la 4° syllabe.- Dans la langue espagnole, formée également en grande partie du latin, les infinitifs enar, er, ir, ont l’accent sur ces finales, comme nos infinitifs en er et en ir ; les imparfaits en áva (dbom) Pont sur l’avant-dernière, aussi bien que ceux en de se (ássem) ; les superlatifs en issimo Pont sur is, comme en italien. Dans ciudad et dans reâl, la finale a l’accent tonique en vertu du même rincipe qui l’y a maintenu dans le français’cité, royái), etc. D’ailleurs, c’est une règle générale qu’un mot espagnol terminé par une consonne a l’accent sur la dernière syllabe. Comme en grec, l’accent ne recule pas au de la de la 2° avant›dernière. - En allemand, l’accent tonique repose, pour les mots simples, sur la syllabe radicale : gebét, prière ; gébet, donnez. Les substantifs et les adjectifs composés ont l’accent šur le premier mot : baúmœi, huile d’olive ; œlbaum, olivier ; dúnkel-blau, bleu-foncé. Les adverbes composés ont l’accent sur la dernière syllabe (umhér, herúm, autour), ainsi que les prépositions composées (damít, womít). Il faut faire les exceptions suivantes : 1° les mots terminés par ei, ic, ist, et en général par une désinence étrangère, ont l’accent sur la dernière syllabe ; 2° les préfixes un, ur, erz, prennent toujours l’accent ; 3° certaines particules, bien quïnséparables et sans accent devant le verbe, prennent l’accent devant les substantifs dérivés de ces verbes (unterhdlten, entretenir ; únterhalt, entretien), mais le même substantif avec une désinence reprend l’accent du verbe (unterluíltung, entretien). - En anglais, l’accent tonique est généralement sur la syllabe radicale, surtout dans les mots d’origine saxonne : stezídity, nightingaie. Dans les substantifs et adjectifs composés, il est sur le premier mot : workman, grandfatherh short-tegged. Dans les mots de deux syllabes qui..ne peuvent se décomposer, l’accent est šur la 1", a moins que la 2° ne se compose d’une diphtongue ou de deux voyelles de suite. Dans un verbe de deux syllabes qui ne peut se décomposer, et qui finit par deux consonnes ou par une consonne et un e muet, l’accent se place sur la 2° syllabe : to acquaínt. On le met sur la pénultième : 1° dans les polysyllabes dont la terminaison renferme ia ; ie, io, ion, ic, ish, atar ; 2° dans ceux qui ont à la pénultième une voyelle suivie de plusieurs consonnes. Les polysyllabes auxquels ne peut s’appliquer aucune des fègles précédentes, ont généralement l’accent sur l’antépénultième. Outre les noms d’uccent aigu (oœytonos) et d’a4 : cent grave (baryton os), les Grecs imaginèrent un terme pour désigner l’accent de certaines syllabes longues dans lesquelles il semble qu’on entendit successivement et presque à la fois l’aigu et le grave ; c’est le mot péríspóménè (spaó, tirer ; péri, autour), que les Latins ont traduit par circumfleacus (flectere, courber), ’d’ou le français circon/leœe. Ainsi l’oreille distinguait sans doute, dans la dernière syllabe de mousón et de phileïn, les deux intonations successives que faisaient entendre les deux dernières syllabes de mousaón, mouséón, phileein. On peut jusqu’à un certain point se faire une idée de cet accent d’après la prononciation de la dernière syllabe des mots français terminés par une voyelle suivie d’un e muet (Pompée, impie, ils prient), laquelle ne sonne pas dans le débit soutenu comme celle des mots bonté, ami, prix. En grec, le circonflexe ne peut se mettre que sur les deux dernières syllabes z sur la dernière si elle est longue, mousón, timãn, képhalès ; sur l’avant-dernière, si elle est brève : mousa, ptósis, luson. Dans la lan ne latine l’accent circonflexe affectait : 1° les monosyllšbes longs par nature, comme mds, dés, flós, spes, rds, mons ; 2° l’avant-dernière, si elle était naturellement longue, des polysyllabes, comme Róma, Romdnus. Mais les mots tirs, dóctus, Metéllus, avaient l’accent aigu, ces syllabes étant brèves de leur nature et ne comptant comme longues que dans la versification (V.’Loncun).

Les langues orientales renfermant beaucoup de mots qui s’écrivent de la même manière sans avoir le même sens, on a dû recourir à l’accent tonique pour prévenir les ambiguïtés. En Chine, chaque mot, ou, ce qui revient au même, chaque syllabe, peut recevoir 5 accents différents, suivant qu’on le prononce d’une façon plus ou moins aiguë ou-grave, et ainsi un seul mot répond a 5 objets différents : par exemple, le son ya, suivant l’accent qu’on lui donne, signifie Dieu, mur, excellent, stupidité, ou oie ; le mot par lequel on dit monsieur en s’adressant à une personne, signifie bète en variant l’accent. La langue chinoise ne possède que 480 monosyllabes primitifs ; mais, à. l’aide des accents qui les affectent, ils peuvent indiquer plus de 2,000 objets différons, qu’on