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préface.

Acfif.so. Aer

cet ouvrage colossal qui appartient à Bolland, dans plusieurs volumes, beaucoup de longueurs, et trop d’érudition dans les dernières publications. V. Dom Pitra, Études sur la collection des Actes des saints par les RR. PP. Bollandistes, Paris, 1850, in-8°. - Les Actes des saints ont été recueillis pour la Grande-Bretagne par Colganus (Louvain, 1645, in-fol.), pour la Belgique et la Flandre par Ghesquier (Bruxelles, 1783-94, 6 vol. in-4°), etc. ’ B.

acres DIUBNES, Acta diurna, Acta populi, Acta publica, Acta urbana, ou simplement Acta, sommaire des événements quotidiens, affiché publiquement dans l’ancienne Rome. Ils furent établis vers l’an 623 de la ville. V. notre Dictionn-. de Biographie et d’11ist., au motActes diarnauœ. Le recueil des Acta populi romani est apocryphe. V. Leclerc, Des journaux chez les Romains, Paris, 1838, in-8° ; Liberkühn, Vindíciaa librorum falso suspectoram, Leipzig, 1844, in-8°. B.

acres un siãnar, Acta scnatûs ou Caínmentarii, minutes des délibérations du sénat de l’ancienne Rome. J. César, pendant son consulat, les fit rédiger et publier pour la première fois. La rédaction des Actes du sénat fut maintenue sous Auguste, mais la publication en fut interdite. ACTEUR, celui qui se voue au théâtre pour concourir à. la représentation des œuvres scéniques. Le nom convient aux interprètes de tous les genres, tragédiens, comédiens, chanteurs, mimes, et danseurs. — Dans l’antiquité grecque, les femmes ne montaient pas sur le théâtre ; tous les roles étaient remplis par des hommes. Le culte de Bacchus fut l’origine du théâtre, et les citoyens qui le célébraient furent, occasionnellement, les premiers acteurs. Dans les campagnes, des vendangeurs barbouillés de lie, ivres de joie et devin, s’élançaient sur leurs chariots, s’attaquaient sur les chemins par des impromptus grossiers, se vengeaient de leurs voisins en les couvrant de ridicule, et des gens riches, en dévoilant leurs injustices. Bientôt les chefs de la république, à Athènes, se préoccupèrent de l’utilité, comme aussi des dangers des jeux scéniques, et songèrent a en faire une institution officielle, régulièrement organisée, en les rattachant à. la célébration des fêtes religieuses. Les acteurs devinrent en quelque sorte fonctionnaires publics. Le poëte (Didâscalos, le maître, parce qu’il instruisait les acteurs) recevait un chœur, qu*il préparait pour la solennité des Dionysies (V. Diuascarins, Cnorun) ; outre les choreutes, attachés spécialement à la partie lyrique, il disposait de deux ou trois acteurs principaux, qu’on appelait le Protagoniste, le Deutéragoniste, le Tritagoniste (V. ces mots), et qui représentaient l’action et débitaient le dialogue dramatique. Le citoyen qui, sous le titre de chorége (V. ce mot), se chargeait de fournir, de costumer, et de nourrir le chœur, s’ouvrait l’accès des premières magistratures. Le même acteur jouait parfois plusieurs roles, à l’aide d’un changement de masques et de costumes : le son de la voix pouvant nuire à l’illusion par l’uniformité des inflexions, il y avait des moyens mécaniques pour varier l’organe du personnage. Les acteurs pouvaient parvenir aux emplois les plus honorables- ; ainsi, Aristodème, Néoptolème, Satyrus, furent envoyés en ambassade auprès de Philippe, roi de Macédoine ; Alexandre le Grand envoya l’acteur Thessalus demander a un satrape de Carie la main de sa fille. L’éloignement de la scène imposé aux femmes était, à quelques égards, une garantie de plus de la moralité des artistes dramatiques. Cependant ils étaient soumis à la mauvaise humeur et aux brutalités du peuple dans l’exercice de leur profession : s’ils faiblissaient, s’ils prenaient une fausse intonation ou faisaient un faux mouvement, des murmures, des cris, des sitilets, des frappements de pieds, les punissaient d’être moins parfaits qu’a l’ordinaire ; les spectateurs allaient jusqu’à leur faire ôter le masque, pour jouir de leur honte, et jusqu’à les chasser de la scène. Eschyle, Sophocle, Aristophane furent acteurs dans leurs propres pièces ; mais il ne parait pas vraisemblable qu’ils se soumissent à de pareils alïronts. Les plus grands acteurs de li antiquité grecque furent Polus et Théodore. Polus recevait pour deux jours un talent (5,560 fr.) - Au ivfl siècle av. J.-C., une révolution s’opéra dans l’état social des acteurs grecs : les finances obérées ne suffisant plus aux frais toujours croissants des représentations théâtrales, les acteurs, privés des secours de l’État et des subventions des choréges, formèrent des confréries ou associations pour l’exploitation des théâtres. La plus considérable fut celle des Artistes de Bacchus ou Artistes dionysiaques, qui étendit ses ramifications par toute la Grèce, en Asie, à Corcyre, etc., et dont les diverses sections étaient régies par des statuts communs. Venaient ensuite les Synagonístes, à Téos, les Attalistes, qui devaient leur nom à la protection des Attale, les Basilistes (acteurs royaux), protégés par les rois Lagides en Égypte, les Eupatorides, qui tiraient leur nom de Mithridate Eupator, roi de Pont, les Artistes de Némée et de l'isthme de Corinthe, etc. Sous ce régime d’association substitué a la protection de l’État, les dépenses furent surtout couvertes par les libéralités des particuliers. Les compagnies dramatiques prospérèrent, et les artistes dionysiaques de l’Ionie devinrent assez puissants pour assurer, entre autres avantages, aux membres de leur corporation le droit de cité dans les villes où ils se rendaient., Dans l’ancienne Rome, tout acteur était nommé histrion, mais sans qu’aucune idée défavorable s'attachât, comme chez nous, à ce mot, qui venait de l’Etrusque hister. On vit, par une étrange anomalie, les jeunes patriciens jouer primitivement les farces populaires connues sous le nom d’Atellanes (V. ce mot), tandis’quon ílétrit ensuite les acteurs de profession qui représen rent les pièces classiques et les imitations du théâtre grec. Ces acteurs ne pouvaient être que des étrangers, des esclaves ou des affranchis : un Romain qui montait sur le théâtre était noté d’infaxnie, dégradé par les censeurs, et exclu de sa tribu. Un sénateur ne pouvait visiter les acteurs chez eux, ni un chevalier les accompagner dans la rue. Le prêteur avait le droit de faire fustiger les acteurs, s’ils se permettaient dans leurs rôles quelque liberté blamable, et il fallut les réclamations d’un tribun du peuple et la volonté de l’empereur Tibère, pour qu’une ordonnance d’Auguste, qui les déclarait exempts du fouet, fût maintenue. Le métier de l’acteur était rude : il lui fallait s’exercer pendant quatre ou cinq ans, assouplir sa voix, s’habituer à parler assis, *ou couché sur le dos, ou la poitrine chargée delames de plomb ; on le sitllait impitoyable meut pour une erreur de mémoire, un faux

pas, un faux geste, une articulation moins claire que de coutume. La scène romaine admettait les femmes ; mais ces femmes étaient déshonorées ; défense était faite aux sénateurs d’épouser des actrices, non plus que des filles ou petites-filles d’histrions. On peut juger du mépris qui s’attachait à la profession d’acteur, par les plaintes que le chevalier Labérius, contraint par César de paraitre sur la scène, adressa aux spectateurs dans un prologue que nous ayons. Certains acteurs parvinrent cependant à. gagner, par un admirable talent, l’estime et même Pumitié des grands personnages : Ambivius Turpio, Roscius et /Esopus furent liés avec Cicéron ; les pantomimes Pylade et Bathylle devinrent des personnages importants sous l’Em pire. Boscius gagnait par représentation 1,000 deniers (780 fr.), et Esopus laissa a. son fils une fortune de 20 millions de sesterces (5,560,000 fr.) ! A cette époque, les compagnies d’acteurs romains paraissent s’être confondues avec les associations grecques, et l’on comptait, dans le monde romain, plus de 100 théâtres desservis par des acteurs de tous pays. Le salaire de ces acteurs ambulants paraît avoir été de 7 drachmes (6 fr. environ) par représentation. Les spectateurs leur donnaient quelquefois des couronnes d’or ou d“argent. - Au : :° siècle de Père chrétienne, le pouvoir impérial enleva aux sociétés dramatiques, comme aux corporations d’artisans, leur indépendance primitive, et les soumit a des statuts. Les empereurs ne tardèrent pas à subir deux pressions opposées, celle du peuple, qui réclamait sans cesse des spectacles et des jeux, et celle de l’Église chrétienne, qui fulminait contre Pimmoralité du thétbtre. L’Église finit par l’emporter : le concile d’Arles, en 315, déclara excommuniés ceux qui se livraient à la profession de comédien ; un édit de Théodose Ier autorisa les acteurs à recevoir le baptême, qui, en les régénérant, devait briser les liens par lesquels ils étaient enchaînés à leur état, mais les déclara esclaves à jamais des plaisirs de la populace, s”ils reprenaient leur profession ; un autre édit du même prince, en 394, leur interdit comme une profanation de prendre sur le théâtre la^robe des vierges chrétiennes, et défendit aux femmes et aux enfants l’accès, des représentations profanes ; en 413, Honorius confirma l’excommunication attachée aux fonctions d’acteur. Lors de l’invasion des Barbares et de la chute de l’Empire, les acteurs disparaissent en Occident. On les voit renaître, sous le nom romain d’histrions, pendant le règne de Charlemagne ; mais :Leurs représentations étaient si obscènes et leurs mœurs si dissolues, que le grand empereur leur interdit leur profession. Les troubadours, qui étaient eux-mêmes des espèces d’acteurspoëtes, réveillèrent le goût des représentations drama-