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préface.

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de cette naturqle Ministère des afl’aires étrangères se concerte avec le ministère compétent, et tout se fait d’un commun accord. Mais, à moins d’intervertir les roles, de changer les attributions respectives, et d’affaiblir, au lieu de fortifier, la responsabilité propre à chacun, il est nécessaire, vis-à-vis de l’étranger surtout, de ne point subordonner la négociation, la sanction définitive et la promulgation d’un acte international, a l’intervention nécessaire et officielle d’un département autre que l’intermédiaire naturel de l”État avec les puissances étrangères. Le Ministère des affaires étrangères se compose de deux parties : les bureaux, et les agents diplomatiques et consulaires à l’étranger. L’administration centrale est formée de directions-et de bureaux spéciaux : 1° cabinet du ministre ou secrétariat, qui a pour attributions l’ouverture des dépèches, les audiences du ministre, les affaires réservées, la centralisation de tout ce qui se rattache au personnel intérieur et extérieur ; 2° direction des affaires politiques, chargée de la correspondance politique avec les agents étrangers accrédités à Paris et les agents français au dehors. Elle élabore les traités et les conventions, règle les questions de limites et d’extradition, etc., 3° direction des consulats et des affaires commerciales, dont les attributions embrassent les traités de commerce et de navigation, la protection du commerce français à l’étranger, et les réclamations du commerce étranger envers la France ; 4° direction des archives et de la chancellerie ; 5° direction des fonds et de la comptabilité. Chaque direction se réserve les questions de personnel relevant de ses attributions : la direction politique a le personnel diplomatique ; la direction commerciale, celui des consulats, des chanceliers, drogmans et interprètes. 6° Un bureau du chiffre, dépendant du cabinet, est chargé de chiffrer et déchiffrer les dépèches particulières ; 7° un bureau du contentieux, relevant de la direction politique, connait des questions de créances d’État a État, des questions de postes, de télégraphes, de voies ferrées ; 8° un bureau du protocole (ne îelevant que du ministre), en quelque sorte la chancellerie diplomatique, le notariat international, a pour attributions l’expédition des traités, pleins pouvoirs, commissions, ratifications, lettres de notification, de créance, de rappel, de recréance, le cérémonial et l’étiquette, les immunités et franchises diplomatiques, les audiences diplomatiques et les décorations ; 9° le bureau de la chancellerie, seul ouvert au public, a dans son ressort les passe-ports, légalisations et visa, l’état civil des Français au dehors, le recouvrement des successions ouvertes à l”étranger, etc.- Un publiciste et un jurisconsulte sont attachés au département, ainsi que trois secrétaires interprètes pour les langues de l’Orient et de la Chine, un comité consultatif du contentieux, et un conseil judiciaire des prises. - A l’extérieur, la France est représentée par des agents diplomatiques (ambassadeurs, envoyés, ministres plénipotentiaires, agents, chargés d’afi’aires) ayant chacun un ou plusieurs secrétaires, des attachés ou des aspirants diplomatiques, et un chancelier, tous nommés ar le chef de l’État, et par des agents commerciaux azonsuls généraux, consuls, vice-consuls, élèves consuls) également nommés par le chef de l’État, et des agents consulaires nommés par les consuls. Laformation du Ministère des affaires étrangères en un département distinct ne date que du xrv° siècle ; jusque-la les secrétaires d’État, au nombre de quatre, se partageaient les attributions extérieures et intérieures : tel qui avait l’Empereur, l’Espagne, le Portugal, les Flandres, l’Angleterre et l’Écosse, avait aussi Metz, la Champagne, la Bourgogne, l’lle-de-France ; tel autre qui avait l’Italie, le Levant, le Piémont, réunissait dans son ressort le Dauphiné, la Provence, le Languedoc, le Lyonnais, et ainsi de suite. Nicolas de Neuville, seigneur de Villeroy, gendre de Claude deL’Aubespine, l’un des quatre secrétaires d’État, centralisa un plus grand nombre de puissances qu’il ifétait ordinaire ; enfin, Louis Revol fut fait secrétaire d’État par Henri III, en 1588, et réunit en sa personne tout le département des affaires étrangères, qui jusqu’alors avait été partagé entre plusieurs ministres : après la disgrâce de Brúlart, vicomte de Puysieuix, en 1624, le Ministère des affaires étrangères subit un nouveau démembrement, et fut réparti entre tous les secrétaires d’État : Raymond Phélippeaux d’l :Ierbaut., seigneur de la Vrillière, eut la correspondance avec l’Italie, la Suisse et les Grisons. Enfin, en 1626, le cardinal Richelieu lui fit.confier par Louis XIII toutes les parties du département, et ce ministère n’éprouva plus, dans la suite, que de très-rares démembrements. D’Herbaut avait également sous sa direction des provinces françaises, et ce cumul, commun à tous les secrétaires d’État, fut maintenu jusqu’à la Révolution. Sous Louis XVI, M. de Vergennes, ministre des affaires étrangères et Bourguignon de naissance, avait la Bourgogne.-Les plus grands ministres des affaires étrangères, à. part les ministres dirigeants, tels que les cardinaux de Richelieu et Mazarin, furent Hugues de Lionne, Torcy, René d’Argenson, Choiseul, Vergennes, Talleyrand. - Sous le premier Empire français, le département des affaires étrangères était appelé ministère des Relations eœtérieures. F. de C. AFFÈAGEMENT, terme de l*ancien Droit français, synonyme de bail à cens.

AFFECTATION (du latin affect are, affecter), se prend toujours en mauvaise part. En Littérature, affecter la force, la grâce, la naïveté, l’esprit, etc., c’est laisser voir qu’ou prétend à ces qualités, et qu’ou y vise. Si l’on y. arrive, ce n’est pas sans que l’efi’et obtenu ne soit singulièrement diminué par l’effort qu’ou sent dans l’esprit de l’auteur. Si on n’y arrive pas, c’est encore pis. L’affectation de la force et de l’esprit n’empoche pas qu’ou ne montre véritablement de la force et de l’esprit ; mais l’afi’ectation est absolument incompatible avec la naïveté ; et l’afl’ectation de la grâce produit infailliblement Pafféterie. On est affecté toutes les fois qu’ou sort de son naturel, ou, pour parler plus généralement, du naturel. T. de B.

AFFECTION, terme de Philosophie, signifie, d’une part, toute modification éprouvée par l’âme dans les phénomènes de la sensibilité, nommés aussi phénomènes affectifs, et, de l’autre, toute propension bienveillante à l’égard des personnes. C’est dans les limites de ce sens que les philosophes écossais ont nommé affections la 3’classe des principes instinctifs, « ceux qui ont les personnes pour objet immédiat, et qui impliquent qu’ou est bien ou mal disposé envers un homme ou tout au u moins envers un être animé » (Reid), - tu ceux qui u ont pour objet direct et définitif de communiquer å quelqu’un de nos semblables le plaisir ou la douleur » (D. Stewart). Les afl’ections ainsi entendues se distinguent naturellement en affections bienveillantes, telles que l’amour paternel, fraternel et filial, l’amour, l’amitié, la pitié, le patriotisme, la reconnaissance, la philanthropie, etc., et en affections malveillantes, comme la colère, le ressentiment, la haine, la jalousie, l’envie, la vengeance, la misanthropie, et que D. Stewart résout assez judicieusement en une affection unique, le ressentiment instinctif des injures. Ces différentes affections durent peu à l’état de pur instinct, et se transforment bien vite, sous l’influence des notions morales, en principes d’actions réfléchis ; et dignes, à ce titre, d’éloge ou de blame. Uusage, en pareil cas, ne laisse pas de leur conserver le nom d’affections. Descartes a été plus loin encore, en l’étendant aux sentiments que nous éprouvons même pour des êtres inanimés (Les Passions de l’áme, art. 83). V. sur ce sujet Reid, Essais sur les facultés de l’esprit humain, Essai Ill, part. II, ch. ni et suivants ; Dugald Stewart, Esquisses de Philosophie morale, et Philosophie des facultés actives et morales de l’homme. B-B. AFFÉTERIE. V. Arrncryrion.

AFFICHES (du latin af/tgere, attacher), grands placards, écrits ou imprimés en caractères presque toujours un peu forts, et que l’on applique au coin des rues, dans des endroits publics, sur des tables ou des poteaux exposés aux yeux des passants, afin d’appeler l’attention sur certains actes du gouvernement et des autorités civiles, ainsi que sur l’industrie privée et les intérêts des particuliers. - L’usage de faire connaître au peuple, par der affiches, la volonté des chefs de l’lštat ou les lois nouvelles, est assez ancien = les Grecs les écrivaient sur des rouleaux en bois (åïovaç, xúpöatç), exposés au milieu de la place publique, et qui tournaient sur des pivots. Ainsi, à Athènes, les lois de Solon furent exposées en 13 rouleaux séparés. - Chez les Romains, toute loi votée par les comices était gravée sur des tables de pierre, de bois ou d’airain, qu’ou exposait à tous les regards pendant quelques jours, avant de les renfermer dans le Trésor public. On annonçait sur un Album (V. ce mot dans notre Diet. de Biogr. et d’Histoire), et en lettres peintes, les ventes par enchère, les livres nouveaux, les spectacles. On a trouvé, à Pompéi, des exemples d’annonces de ce genre. On voit dans le Iludens de Plante (Acte v, sc. rr, v. 7) qu’on placardait des annonces écrites en caractères longs d’une coudée. Pline (l. 35, ch. 10, § 37) parle de tabellœ comicœ, affiches sur lesquelles un certain Callades peignait la principale scène de la pièce