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LE SERVITEUR

son canard contre une poule. Mais il se raidit et poursuivit sa route.

Dans le panier, le canard n’était pas malheureux. Il voyageait sans se fatiguer. C’était déjà quelque chose. Il pensait bien un peu à sa cane, à ses canetons. Mais comme il ne pouvait pas savoir qu’on allait lui couper le cou, il se disait :

— Je les reverrai tout à l’heure.

Les trois cochons eux trottinaient en grognant.

À l’entrée de la ville, Blandin les laissa sous un toit d’auberge, près du champ de foire. Puis, toujours son panier au bras, il s’en fut chez Mme Camille.

— C’est vous, Blandin ? lui dit Mlle Geneviève. Entrez donc !

C’était une grande cuisine où d’énormes meubles se trouvaient à leur aise. La cheminée était si vaste que l’on s’étonnait que Mme Camille ne demandait pas à ses fermiers de lui amener des bœufs pour les y faire rôtir. Les cuivres luisaient. Les arbres du jardin laissaient trembler, sur les vitres des hautes fenêtres, une ombre mobile et verte, Blandin enleva sa