Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/17

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cepteur du chef-lieu de canton, mais les receveurs des contributions indirectes aux appointements de cent cinquante francs par mois. On ne saurait trop préciser, pour ceux qui ne savent pas. La vie et la pauvreté dans une petite ville ne leur apparaissent qu’au milieu d’un clair-obscur où ils distinguent mal. Je ne veux pas dire que nous ayons été de ces pauvres qui vont mendier leur pain. Courageux, tu avais l’esprit d’économie. Mais, ce pain que nous n’allions pas mendier, c’était toi qui le gagnais. Que tu fusses tombé malade à quarante ans, et nous étions réduits à la misère. J’ai revu ton livre de comptes. J’ai constaté qu’en l’année 1901, par exemple, vous aviez dépensé pour vous deux neuf cent cinquante francs. Si j’en retranche les six louis du loyer annuel, je trouve que vos frais de nourriture, d’entretien et de chauffage se sont montés, pour vous deux, à deux francs vingt sept par jour, à quelque chose comme vingt-trois sous pour chacun. Il doit exister quelque part des gens qui diront que ce n’est pas beaucoup. Mais vos dépenses étaient proportionnées à vos recettes. Puis, les mêmes, réflexion faite, estimeront qu’avec vingt-trois sous par jour on