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LE SERVITEUR

faisaient particulièrement souffrir. Il ne pouvait prier avec ferveur que dans un décor de choix. Toi et les fidèles de nos pays, vous n’avez pas de pareilles exigences. Et c’est tant mieux, car elles demeureraient insatisfaites. L’harmonium de deux jeux et demi, et le frère Théodore qui presque toujours n’en joue que d’un doigt, vous suffisent. Que feriez-vous d’un orgue à trois claviers, et d’un organiste qui vous jouerait une passacaille de Buxtehude et des fugues de Bach ? Vous n’y verriez que du feu. Vous n’y entendriez que du bruit. Vous préférez les airs des cantiques du père Lambillotte. Que feriez-vous du plain-chant grégorien chanté comme il doit l’être ? Vous préférez qu’il soit exécuté — c’est le cas de le dire. — par Thomas, le chantre, cordonnier de son métier, et qui s’entend mieux à tirer le ligneul qu’à filer les neumes. Plus les notes sont hautes, et plus il donne de la voix. Beaucoup de personnes de l’assistance admirent qu’un homme, à lui tout seul, puisse chanter aussi fort, et l’on dit : — Ma parole, il y a des moments où l’on n’en entend plus le frère Théodore !

Elles vous suffisent aussi, ces représentations