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LE SERVITEUR

tyrs, où il suffit de se rendre pour gagner douze mille ans d’indulgences, où l’on vous montre des langes de l’Enfant Jésus, la verge d’Aaron et des branches du buisson ardent du milieu duquel le Seigneur parla à Moïse. Tu ne sais ni lire ni écrire : ta vie intérieure n’en est que plus riche. L’univers est peuplé de forces invisibles pour d’autres, réelles pour toi. Innombrables sont les saints que tu vénères, avec qui tu vis en perpétuelle communion. Tu t’adresses à eux plus facilement qu’à ton seigneur, parce que tu ne les vois pas. Tu demandes à saint Eloi de guérir tes chevaux, à saint Didier de te débarrasser des taupes qui ravagent tes champs. As-tu mal aux yeux ? Tu invoques sainte Claire. Veux-tu t’assurer de belles récoltes ? Tu ne commences de labourer qu’après avoir promené trois fois du pain et de l’avoine, avec un cierge allumé, autour de ta charrue. Veux-tu conserver intacte ta récolte ? Tu places du buis bénit sur le fourrage. Veux-tu empêcher tes poules de s’égarer ? Tu traces une croix sur ta cheminée, quand tu en as une. Tu as peur du diable, des sorcières et des loups-garous. Les fées et les lutins qui dansent à minuit sur nos bruyères,