Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
LE SERVITEUR

de gendarmerie et son juge de paix, ses receveurs de l’enregistrement et des contributions directes, ses notaires, ses médecins et ses pharmaciens, ses deux bureaux de tabac et ses cinq petits cafés où nous n’entrons pas, mais qui se passent de nous pour faire des recettes. J’en atteste son église et ses quatre écoles, ses douze foires et sa louée du lundi de la Pentecôte qui attirent à elle les populations des neuf communes dont elle est le centre en tant que chef-lieu de canton et des marchands de bœufs qui viennent de très loin. J’en atteste les routes où circulent les chariots chargés du bois et des grains qu’elle vend, les camions lourds des denrées qu’elle achète, les diligences qui parfois lui amènent des visiteurs. J’en atteste les poteaux plantés le long de ses routes que relient des fils de fer qui n’en finissent pas, et qui commencent Dieu sait où ! Je sais déjà que ce sont les poteaux du Télégraphe, qui servent à porter le poids des dépêches. Suis-moi. Contre l’un d’eux tu me verras appliquer mon oreille. Rien. Aucun bruit. Le Télégraphe dort. Regarde-moi. Tu me verras frapper violemment du pied contre le poteau, écouter, puis courir à toutes