Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus sainte ; car on y compte onze générations depuis Adam jusqu’au déluge, au lieu que celle de Caïn n’en forme que huit ; en sorte que la race maudite semble avoir été plus vivace que la race des saints[1]. Après le déluge, cette durée de la vie humaine, qui fut d’abord si longue, diminua tout à coup de la moitié, mais seulement dans ceux qui étoient nés depuis ; car Noé, qui étoit né auparavant, vécut aussi long-temps que

  1. Parce qu’ils sont plus robustes, et parce qu’ils les mangent ; ceux qui mangent les autres devant naturellement vivre plus long-temps que ceux qui sont mangés. Sur une cinquantaine d’octogénaires dont je puis me souvenir, j’en trouve tout au plus cinq qu’on puisse qualifier d’honnêtes gens et d’hommes sociables. La vie de l’honnête homme en ce monde est une sorte d’exil ; au lieu que le fripon, en quelque lieu qu’il s’arrête, se trouve toujours en très nombreuse compagnie, et est toujours chez lui : le premier est toujours mélancholique, parce qu’il est toujours battu ; le dernier est souvent dans la joie, parce qu’il a souvent sa revanche.