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Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/132

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nons de parler, mais supérieure en dignité et qui fut presque nonagénaire ; je veux parler de Livia-Julia-Augusta, femme de César-Auguste, et mère de Tibère. En effet, si la vie d’Auguste ne fut qu’une comédie, comme ce prince près de mourir le prétendoit lui-même, en invitant ses amis à lui applaudir aussi-tôt qu’il auroit fermé les yeux[1], certes Livie fut une excellente comédienne, qui sut très

  1. La vie humaine n’est en effet qu’une sorte de tragi-comédie ; c’est une tragédie pour les hommes tristes, et une comédie pour les hommes gais ; car elle n’est pour nous que ce qu’elle nous paroît, et elle ne nous paroît que ce que nous sommes nous-mêmes : c’est une pièce où le plus habile acteur est celui qui joue son rôle avec assez d’adresse, de constance et de dignité, pour que les spectateurs confondent jusqu’à la fin son personnage avec sa personne. C’est aussi un commerce où chacun se surfaisant lui-même, et mettant les autres au rabais, vend sa sotte personne le plus cher qu’il peut, en feignant de la donner pour rien, et fait accepter sa fausse monnoie à d’autres faux-monnoyeurs qui, ayant eux-mêmes intérêt à lui donner cours, feignent de s’en payer.