Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/164

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cessaire ici, que la plupart des hommes, par un préjugé invétéré et très difficile à détruire, s’imaginent que l’espèce humaine va toujours en décroissant, soit par rapport à la durée de la vie moyenne, soit relativement à la stature et à la force du corps ; en un mot, que tout décline[1] et va de pis en pis.

24. Les habitans des pays froids et des régions septentrionales vivent ordinairement plus long-temps que ceux des pays chauds et des régions méridionales : différence dont la raison est sensible. Car, en premier lieu, les pores de la peau, dans les pays froids, étant plus étroits et son tissu plus serré, les sucs du corps s’exhalent et se dissipent moins aisément. De plus, les esprits mêmes qui ont moins d’acrimonie en consument moins vite la substance ; et en même

  1. L’homme est naturellement porté à attribuer aux objets qu’il juge ce qui se passe en lui ; et c’est parce qu’au-delà d’une certaine époque nous déclinons nous-mêmes, que tout nous paroit décliner.