Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/196

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chantes, dogmatiques, qui contournent tous les faits et toutes les opinions, pour

    et sur le but et sur le moyen. 1°. Ils se trompoient sur le moyen ; car l’impassibilité des Stoïciens n’étoit qu’une affectation ; si l’on méprise le plaisir, c’est apparemment qu’on trouve quelque plaisir dans ce mépris ; et le mépris de la colique ne la guérit pas : en se roidissant contre la fortune, on n’en sent que mieux les coups ; les lèvres se bordent d’un sourire orgueilleux, mais on pleure en dedans. Le bonheur n’est attaché ni à la vertu, ni aux biens physiques, mais aux biens physiques joints à la vertu ; et d’abord aux biens physiques, puis à la vertu ; car, pour pouvoir bien vivre, il faut d’abord vivre, et un fripon ayant le superflu, est plus heureux qu’un homme vertueux qui manque du nécessaire ; la vertu échauffe le cœur, mais elle ne chauffe pas les mains, et elle les refroidit lorsqu’elle a un peu trop échauffé le cœur. Le doute du sceptique est impossible ; on n’est pas maître de rester dans le doute sur un sujet qui intéresse vivement, intérêt qui ne dépend pas non plus de notre volonté ; et l’incertitude est pénible dans tous les cas où l’on est obligé de prendre une résolution, d’avoir une opinion et un but, c’est-à-dire à chaque instant : enfin tout homme qui attache tout son bonheur au plaisir, est nécessaire-