est un également doux, de voir d’une tour élevée, deux armées se livrant bataille dans une vaste plaine, et la victoire incertaine passant de l’une à l’autre alternativement. Mais il n’est point de plaisir comparable à celui du sage qui, des hauteurs de la vérité (hauteurs qu’aucune autre ne commande, et où règne perpétuellement un air aussi pur que serein), abaisse ses tranquilles regars sur les opinions mensongères et les tempêtes des passions humaines ; pourvu toutefois, devoit-il ajouter, qu’un tel spectacle n’excite en nous qu’une indulgente commisération, et non l’orgueil ou le dédain. Certes, tout mortel qui, animé du feu divin de la charité, et reposant sur le sein de la providence, n’a d’autre pôle, d’autre pivot que la vérité, a dès ce monde un avant-goût de la céleste béatitude.
Actuellement, si nous passons de la vérité philosophique, ou théologique, à la vérité pratique, ou plutôt à la bonne foi et à la sincérité dans les affaires,