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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/159

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et diriger tous ses mouvemens[1]. J’entends par chef, un homme d’une naissance illustre, jouissant d’une grande ré-

  1. Le peuple a naturellement le droit et la force pour l’appuyer : pourquoi donc, malgré ce droit et cette force naturelle, ses droits sont-ils toujours violés et est-il toujours esclave ? parce que l’enfant robuste a les bras d’un homme et la tête d’un enfant ; en un mot, parce qu’il ne sait pas user de sa force et manque de méthode ; or, il manque de méthode, parce qu’il est sans chef, Ainsi, l’unique moyen de garantir les droits du peuple de toute usurpation, sur-tout des usurpations graduelles et méthodiques, c’est de lui donner un corps perpétuel de protecteurs tirés de sa classe, nais dont les membres soient amovibles et changent même fréquemment. Cependant, comme un corps qui auroit toujours le peuple pour lui, seroit trop puissant et finiroit par rester seul maître, il faut qu’il soit très nombreux ; car la puissance d’un corps qui n’agit que de la tête et de la langue, ou de la plume, est en raison inverse du nombre de ses membres ; un grand nombre d’hommes ne pouvant être long-temps d’accord et perdant toujours beaucoup de temps à lutter les uns