Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/16

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Nul doute que de profondes méditations sur la mort, envisagée comme conséquence du péché (originel), et comme passage à une autre vie, ne soit une occupation pieuse et utile au salut ; mais la crainte de la mort, envisagée comme un tribut qu’il faut payer à la nature, n’est qu’une foiblesse[1], Et même dans

    cette comparaison. De quelle nature sont-ils, ces contes dont on berce les hommes faits ? Il me semble que ce sont des contes religieux ; et s’ils augmentent la crainte de la mort, c’est qu’ils font craindre quelque chose au-delà. Voilà une de ces propositions qui m’ont fait avancer que le chancelier Bacon étoit beaucoup moins dévot qu’il ne le paraît à certaines gens qui ne le sont pas plus que lui, et qui ont les mêmes raisons pour le paraître quelquefois.

  1. Le meilleur remède à la crainte de la mort, c’est de bien connoître la vie, toute tissue d’espérances presque toujours trompées, et de craintes qui, pour être chimériques ou déguisées, n’en sont pas moins senties. Si la vie n’aboutissoit à la mort, elle ne serait pas supportable ; mais la nature, en nous faisant mourir, expie le tort qu’elle eut en nous faisant naître. De quelque bien que la mort