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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/163

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fiances et des jalousies[1] ; cette méthode, dis-je, n’est rien moins que méprisable ; car, si ceux qui tiennent pour le gouvernement sont divisés, et luttent les uns contre les autres, tandis que les factieux agissent de concert et sont étroitement unis, tout est perdu.

J’ai aussi observé, en parcourant l’histoire, que certains mots ingénieux et piquans, que des princes, ou autres personnages éminens, oit laissé échapper, ont allumé des séditions. César se fit un tort irréparable par cette plaisante-

  1. Le moyen qu’un emploie le plus ordinairement pour parvenir à ce but, est d’envoyer fréquemment porter des paroles fort avantageuses au chef de la faction opposée, par un homme affidé qui se cache avec assez d’adresse pour que tout le monde le voie. On gagne, par ce moyen, de ces deux points l’un ; ou l’on gagne ce chef, ou on le rend suspect aux autres chefs et à tout le parti ; en quoi l’on est aidé par ceux qui rivalisent avec lui, et qui ne manquent pas de faire remarquer ces fréquens messages, et la facilité avec laquelle ils sont reçus.