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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/19

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Il est bon d’observer à ce sujet qu’il n’est point, dans le cœur de l’homme, de passion si foible qu’elle ne puisse surmonter la crainte de la mort : la mort n’est donc pas un ennemi si redoutable, puisque l’homme a toujours en lui de quoi la vaincre : le désir de la vengeance triomphe de la mort ; l’amour la méprise[1] ; l’honneur y aspire ; le désespoir s’y réfugie ; la peur la devance ; la foi l’embrasse avec une sorte de joie. Et même, si nous devons en croire l’histoire romaine, après que l’empereur Othon se fut donné la mort, la compassion, qui est la plus foible de toutes les afflictions humaines, engagea quelques-uns de ceux qui lui étoient le plus attachés, à suivre son exemple ; résolution, dis-je, qu’ils prirent par pure

  1. La mort la plus douce c’est celle qu’on subit pour sauver la personne qu’on aime le plus, ou qu’on reçoit de la main même de la personne aimée ; car la personne qui nous fait le plus aimer la vie, est aussi celle qui nous met le plus en état de mépriser la mort.