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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/198

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tout différent de ce qu’il étoit[1].

Il est bien difficile de connoître à fond la constitution, et, s’il est permis de s’exprimer ainsi, le tempérament d’un empire, et de savoir au juste quel régime lui con-

  1. L’homme ne peut être heureux que lorsqu’il avance ou s’imagine avancer vers son but, soit réel, soit chimérique ; but toujours déterminé par sa passion dominante. Or, il croit reculer, lorsqu’il recule réellement, ou lorsqu’après avoir longtemps avancé rapidement, il est stationnaire. De plus, il est assez d’hommes à qui l’habitude des grands mouvemens, même sans objet, en a fait un besoin, qui font la guerre simplement pour se désennuyer (comme nous le disions plus haut), qui tourmentent les autres hommes, non pas précisément pour les rendre malheureux, ce qui est au fond assez indifférent aux héros, mais pour se délasser de leur fainéantise, et pour faire de l’exercice, à peu près comme les enfans fouettent leur sabot, et tant pis pour ce sabot s’il est sensible ; car, selon eux, la chasse vaut mieux que le gibier, et la pêche vaut mieux que le poisson : il faut courir, même sans savoir où l’on va ; et peu importe où l’on va, pourvu qu’on aille, le mouvement même faisant la plus grande partie du but.