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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/261

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ne se porte qu’en se faisant une sorte de violence à elle-même, va naturellement

    cienne, et à laquelle tous les rameaux de la grande famille du genre humain participoient, par leurs relations nécessaires avec la souche ; qu’un premier homme ayant mérité ces maux par sa désobéissance, le châtiment de cette faute qui, selon eux devoit être proportionné, non à la foiblesse de l’offenseur, mais à la grandeur de l’offensé, dut s’étendre sur toute la postérité du coupable ; invention vraiment asiatique, et vraiment digne de ces odieuses contrées où le crime d’un seul individu est puni dans toute sa famille, et quelquefois même jusqu’à la quatrième ou cinquième génération. L’Asie, condamnée à une servitude éternelle, mit dans la main du despote de l’univers le sceptre de fer qu’elle voyoit dans la main de ses tyrans, et l’Europe, peuplée par les nations orientales, adopta le rêve mélancolique de l’Asie. Mais et l’Asie et l’Europe, en supposant dans les cieux ce qu’ils voyoient sur la terre, n’ont fait que l’apothéose de la foiblesse humaine. Car ce n’est qu’après avoir attribué à ce grand Être auquel, ni les hommages, ni les blasphèmes humains, ne peuvent atteindre, sa propre foiblesse et sa propre vanité, que l’homme le croyant aussi sensible aux injures et aussi susceptible à cet égard, qu’il le seroit lui-même,