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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/286

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car les princes sont dans une telle élévation, qu’ils ne peuvent cueillir ce doux fruit de l’amitié, qu’en élevant à leur hauteur quelqu’un de leurs sujets, pour en faire, en quelque manière, leur égal et leur compagnon ; ce qui les expose à

    commis un crime, désespère de pouvoir l’expier, est livré, pour le reste de ses jours, au dépit le plus amer, et il s’enfonce de plus en plus dans le crime avec un affreux plaisir ; il voue une haine éternelle à ses semblables, qui lui défendent de les aimer, et qui ont noté d’une éternelle infamie son amitié : il est implacable comme eux. Or, les loix positives, les loix tacites de la société, et l’opinion publique, ne pardonnent jamais une faute éclatante ; elles ne donnent jamais d’absoIution complète. Le christianisme accepte le repentir et l’expiation de l’être foible qu’un perfide concours de circonstances a pu jeter hors de son caractère, par une violence à laquelle tout mortel, tant qu’il respire, est exposé. Si cet homme est né généreux, ce pardon formel et complet le fait redevenir juste, en lui persuadant qu’il est justifié ; et la religion rend ainsi un homme à la société, qui ne sait pas se défaire d’un ennemi, en le convertissant en ami, mais seulement en le tuant.