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Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/299

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etde demeurer dans un silence continuel qui étouffe, pour ainsi dire, les meilleures pensées.

Actuellement, pour rendre plus complet ce second fruit de l’amitié, ajoutez-y cet autre avantage qui est plus sensible et plus généralement connu ; je veux dire, les conseils salutaires et désintéressés qu’on peut recevoir d’un véritable ami. Héraclite a dit avec raison, dans une de ses énigmes, que la lumière sèche est toujours la meilleure. Or, il n’est pas douteux que la lumière qu’on reçoit par le conseil d’un ami, ne soit plus sèche et plus pure que celle qu’on peut tirer de son propre entendement, et qui est toujours, en quelque manière, détrempée et teinte par nos passions et nos goûts habituels. En sorte qu’il n’y a pas moins de différence entre le conseil qu’on reçoit d’un ami et celui qu’on se donne à soi-même, qu’entre le conseil d’un ami et celui d’un flatteur ; car le plus grand de tous nos flatteurs, c’est notre amour-propre ; et le plus sûr remède contre cette flatterie,