judicieux d’entre les personnages élevés aux dignités, affectent-ils de se plaindre continuellement de la vie pénible qu’ils mènent : quelle triste vie ! s’écrient-ils souvent ; non qu’ils le pensent réellement, mais seulement pour émousser les traits de l’envie : observation toutefois qui ne s’applique qu’à ceux qui se trouvent chargés d’affaires difficiles, sans paroître les avoir attirées à eux. Car, rien, au contraire, n’attire plus l’envie que cette ambitieuse avidité qui porte à accaparer toutes sortes d’affaires ; et la plus sûre méthode qu’un personnage constitué en dignité puisse employer pour l’éteindre, c’est de laisser en place tous les subalternes, en respectant scrupuleusement tous les droits et les privilèges attachés à leurs emplois respectifs : moyennant ces ménagemens, tous ses inférieurs seront pour lui autant d’écrans qui le garantiront de l’envie.
Rien n’est plus exposé à l’envie, que ceux auxquels leur élévation donne de l’orgueil, et qui semblent n’être contens