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DE LA SAGESSE

et ce n’est pas au hazard que le poëte, inventeur de cette fiction ajoute que, dans cette masse destinée à former l’homme, Prométhée mêla et combina, avec le limon, des particules tirées de différens animaux. En effet, de tous les êtres que l’univers embrasse dans son immensité, il n’en est point de plus composé et de plus hétérogène que l’homme.

    fondés sur le besoin qu’il a de ses semblables, et des devoirs fondés sur le besoin que ses semblables ont de lui :droits et devoirs qui, ayant déjà pour base la faculté qu’ont les uns et les autres de se servir et de se secourir réciproquement, ont une base de plus ; savoir une loi primitive dictée par l’Être suprême mais qui dans le cas même où cette opinion si consolante seroit une erreur, ne laisseroient pas de subsister, puisqu’ils dérivent de la nature même de l’homme, être sensible, foible et intelligent : conséquence qui, en rendant les bases de nos devoirs indépendantes de tout systême religieux, donne ainsi aux théistes et aux athées une morale commune, et ôte tout prétexte aux méchants, comme le souhaitoit le sage Marc-Aurèle, et comme l’a aussi en partie observé le sublime traducteur d’Young et de Shakespear.