Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
PRÉFACE

transmises, ni de leurs contemporains, mais comme d’augustes débris d’un siècle plus éclairé, et comme une sorte de souffle léger qui, des traditions de quelques nations beaucoup plus anciennes, est venu, pour ainsi dire tomber dans les trompettes et les flûtes des Grecs. Cependant, si quelqu’un s’obstinoit encore à soutenir que le sens allégorique de ces fables y a été mis après coup, et non dès l’origine[1], nous lui laisserons volontiers son opinion sur ce point, et nous l’abandonnerons à cette sévérité de juge-

  1. On a toujours bercé de contes insignifians l’enfance des individus et des nations. Ainsi l’antiquité de ces contes ne prouve point du tout qu’ils signifient quelque chose. La nourrice berce l’enfant, et les ambitieux bercent le peuple ; puis, quand l’enfant à une ou à cent mille têtes a un peu grandi, le berceur ou la berceuse lui fait un petit conte pour l’empêcher de crier et l’enfant dort ; doux sommeil où il boit à longs traits l’oubli de son incurable misère ; enfin, quand le conte est fini, l’enfant s’éveille, et il croit, ou, ce qui est la même chose, il croit croire ce qu’il n’a pas même écouté.