Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
DE LA SAGESSE DES ANCIENS.

gesse n’a pas laissé de demeurer avec moi. Ainsi les héros de cette classe ont assez de force pour demeurer, en quelque manière, immobiles au milieu des objets les plus séduisans et s’arrêter sur le penchant même du précipice ; la seule précaution qu’ils prennent, à l’exemple d’Ulysse, c’est d’interdire à ceux qui les environnent les conseils pernicieux, et ces lâches complaisances qui amollissent et ébranlent l’ame la plus ferme ; mais le plus puissant et le plus sûr de tous les remèdes, c’est celui d’Orphée, qui, en chantant les louanges des dieux, sur un ton très élevé, couvrit la voix enchanteresse des Sirènes, et en prévint ainsi les dangereux effets ; car les profondes méditations sur les choses divines l’emportent sur les voluptés, non seulement par leurs puissans effets, mais même par les plaisirs aussi vifs que purs qui en dérivent.

Fin de la sagesse des anciens.